Attaques du 7 octobre en Israël : ce que dit le rapport de l'ONU sur les violences sexuelles

Régulièrement critiquée par Israël en raison de leur supposé silence sur le sujet, l'ONU publie un rapport sur des violences sexuelles commises par les membres du Hamas lors des attaques du 7 octobre.

Il existe de "bonnes raisons de croire" que des victimes de l'attaque du Hamas du 7 octobre ont été violées, tout comme certains otages détenus à Gaza, selon un rapport de l'ONU publié ce lundi 6 mars qui ne peut préciser le nombre de ces violences sexuelles.

Alors que les Nations unies ont été critiquées pour avoir réagi trop lentement aux viols et violences sexuelles qu'Israël accuse le Hamas d'avoir commis le 7 octobre, la représentante spéciale de l'ONU sur les violences sexuelles lors des conflits Pramila Patten, accompagnée par des experts, s'est rendue début février pendant deux semaines et demie en Israël et en Cisjordanie.

Sur la base d'informations recueillies "auprès de sources multiples et indépendantes, il existe de bonnes raisons de croire que des violences sexuelles liées au conflit ont eu lieu lors de l'attaque du 7 octobre à plusieurs endroits à la périphérie de Gaza, y compris des viols et des viols en réunion, dans au moins trois lieux", indique le rapport.

"Des informations claires et convaincantes"

C'est notamment le cas du site du festival Nova, où des "témoins crédibles" ont raconté avoir assisté à des viols, et vu des cadavres dénudés, parfois ligotés, rapporte le journal Libération.

En outre, l'ONU affirme avoir de "bonnes raisons de croire" que des viols contre au moins trois femmes ont été perpétrés "à la périphérie de Gaza", le long de la route 232 et dans le kibboutz de Réïm, là où des participants du festival ont tenté de se réfugier.

Malgré les appels lancés pour que les victimes de violences sexuelles viennent témoigner, aucune d'entre elles ne s'est présentée. Les membres de la mission ont pu s'entretenir avec des survivants et témoins des attaques du 7 octobre et des membres des services de santé, et ont visionné 5.000 photos et 50 heures d'images des attaques.

Des violences "toujours en cours" sur les otages

Ils ont en revanche pu parler avec certains des otages libérés, et récolter "des informations claires et convaincantes que certains ont subi diverses formes de violences sexuelles liées aux conflits, y compris viol et torture sexualisée, ainsi que des traitements cruels, inhumains et dégradants sexualisés", a indiqué Pramila Patten lors d'une conférence de presse.

"Nous avons de bonnes raisons de croire que de telles violences sont toujours en cours", a-t-elle ajouté.

Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza durant l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en Israël, qui a entraîné la mort de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

D'après les autorités israéliennes, 130 otages sont encore à Gaza, dont 31 seraient morts. Une centaine d'autres ont été libérés ainsi que 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël lors d'une trêve en novembre.

Des accusations rejetées par le Hamas. Les "allégations" concernant des viols et violences sexuelles commises par les membres du Hamas lors de cette attaque sont "fausses" et "infondées" et le rapport de l'ONU "ne cite aucun témoignage de victimes", a affirmé l'organisation palestinienne dans un communiqué au lendemain de la publication du rapport.

"Nous rejetons et déplorons fermement ce rapport", écrit le Hamas, estimant qu'il vise à "diaboliser la résistance palestinienne".

Accusations mutuelles

Le dossier a envenimés les relations entre l'État hébreu et l'ONU. Juste avant la publication du rapport, le ministre israélien des Affaires étrangères, accusant l'ONU de vouloir "passer sous silence le rapport sérieux" a annoncé le rappel de son ambassadeur à l'ONU pour consultations. La mission, vu sa courte durée, n'a pas eu la possibilité d'établir la "prévalence" des violences sexuelles lors des attaques du 7 octobre.

Dans ce contexte, le rapport appelle les autorités israéliennes à "permettre l'accès" d'une mission du Haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'Homme et de la Commission d'enquête indépendante sur les territoires palestiniens, pour mener "des enquêtes à part entière sur toutes les accusations de violations, et compléter et approfondir" les résultats de cette mission de Pramila Patten.

De son côté, Antonio Guterres, via son porte-parole, a démenti avoir fait quoi que ce soit pour étouffer ce rapport.

"Manque de coopération" des autorités israéliennes

Comme le note Libération, dans ce rapport, l'ONU ne se prononce pas sur l'ampleur des violences sexuelles commises ce jour-là, ni sur leur attribution direct aux membres du Hamas.

Les experts onusuiens n'ont par ailleurs recueilli aucun témoignage de victime directe. Parmi les difficultés rencontrées, le rapport évoque notamment le "manque de confiance des survivants des attaques du 7 octobre et des familles des otages envers les institutions nationales et internationales, dont l'ONU", ainsi que "l'absence de preuves médico-légales exhaustives". Par exemple, en raison des corps rapidement enterrés, empêchant toute analyse post mortem.

L'ONU pointe également le "manque de coopération" des autorités israéliennes, qui refusent de travailler avec les experts, ces derniers étant chargés d'enquêter sur les crimes des deux camps.

"La véritable prévalence des violences sexuelles lors des attaques du 7 octobre (...) pourrait prendre des mois voire des années à apparaître, et pourrait n'être jamais réellement connue", conclut le rapport.

Article original publié sur BFMTV.com

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