Après la pandémie, Macao revit enfin

Qui aurait pu se douter, lorsque les Portugais atteignirent sur leurs galions les rivages de la Chine du Sud, en 1513, qu’ils allaient fonder quarante-quatre ans plus tard une colonie qui survivrait pendant presque quatre siècles et demi ? Macao a vu à ses frontières le passage des dynasties des Ming, des Qing, elle a survécu ensuite à la chute du dernier empereur chinois, à la république, à la guerre civile et à la révolution communiste.

Cette minuscule cité construite autour d’une colline à l’ouest de l’embouchure de la rivière des Perles allait devenir une de ces cités mythiques d’Asie, synonyme de rêve et d’exotisme.

Un petit port de pêche fondé par une déesse

Ce long chapitre d’histoire s’ouvrit en 1557, il s’est fermé définitivement le dimanche 19 décembre1999 à minuit lorsque les Portugais ont lâché pour toujours les amarres, remettant à la Chine cette ville à laquelle ils avaient donné pour devise “Macao, cité au nom de Dieu, il n’y a pas plus loyal”.

La légende dit que le petit port de pêche de Macao fut fondé par une jeune femme qui, embarquée sur une jonque, calma miraculeusement la tempête et sauva les marins avant de gravir la colline et de monter au ciel dans un halo lumineux. C’était la déesse Ah Ma, patronne chinoise de la ville, à laquelle de nombreux temples sont dédiés et dont l’histoire ressemble fort à celle de Tianho, patronne des pêcheurs.

Les Portugais ne s’emparèrent pas de la ville au son du canon, mais se virent attribuer cette extrémité de péninsule par les mandarins de Canton, d’une part pour avoir nettoyé la côte de ses pirates, d’autre part pour les tenir à l’écart de Canton tout en bénéficiant du commerce illégal mais fructueux qu’ils apportaient. Car ceux-ci détenaient le monopole du commerce entre la Chine et le Japon et leurs galions, de l’Afrique à l’Indonésie et jusqu’en Inde, parcouraient la fameuse route des épices.

La porte d’entrée en Chine de Matteo Ricci et des Jésuites

Mais ce ne sont ni les marchands ni les soldats qui firent la célébrité de Macao, ce furent les centaines de missionnaires qui s’engouffrèrent à leur suite. Car le pape Grégoire y appointa en 1576 monseigneur Carneira, chargé d’un diocèse qui comprenait à la fois la Chine, le Japon, Macao et les îles adjacentes. Franciscains, dominicains, augustins accoururent en masse, mais ce furent les jésuites qui tinrent le haut du pavé à Macao. Ils y construisirent une base solide avec une maison mère en 1565, un collège et un séminaire en 1594.

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