Angers: les enjeux et coulisses du nouveau procès de Saïd Chabane, le propriétaire du SCO

Jugé la semaine dernière pour agressions sexuelles, et condamné à deux ans de prison dont un avec sursis, l’ancien président du SCO (2e de Ligue 2) Saïd Chabane poursuit ses allers-retours devant la justice ce lundi, cette fois-ci à Bobigny. L’homme d’affaires franco-algérien devra répondre des accusations de "blanchiment d’argent" et d'"exercice illégal de la profession d’agent sportif par complicité" devant le tribunal correctionnel. Dans cette affaire tentaculaire, autres personnes sont mises en cause et poursuivies pour les mêmes chefs de prévention.

Il leur est reproché d'avoir exercé une activité d'agent sportif sans licence - pourtant obligatoire pour exercer sur le territoire français - par le biais d’un agent officiel (sur le banc des accusés avec les autres prévenus), en servant d'intermédiaires entre des clubs de football, de jeunes talents et d'autres agents sportifs. Et à Saïd Chabane d'avoir alimenté ce réseau. Dans ce dossier, les premiers soupçons des enquêteurs se fondent sur les déclarations de l’un des prévenus mis sur écoute à l’été 2021 dans une autre affaire d'extorsion. Au gré des discussions portant sur le marché des transferts se forge chez les enquêteurs la conviction qu’une affaire de grande ampleur est en train de naître.

Les officiers de la police judiciaire émettent alors des soupçons sur les activités d'hommes gravitant dans le monde du football. Saïd Chabane est soupçonné d’avoir eu recours à ce réseau pour les besoins de son club sur le marché des transferts. Plusieurs mois durant, les enquêteurs ont épluché les factures pour remonter les flux financiers. Sous couvert de prestations fictives, un système de facturation est mis en place, un flux d’argent qui circule entre la société, le SCO Angers, et des prestataires extérieurs. Ces agents non licenciés, se font payer des prestations d’agents de joueurs via leurs sociétés, lesquelles sont également poursuivies pour blanchiment aggravé.

Me Benaiem, avocat de Saïd Chabane: "On atteint les sommets du surréalisme"

Les faits délictueux auraient duré de janvier 2017 à mars 2023. Les prévenus expliquent avoir uniquement exercé un rôle d'intermédiaire, à la manière de certains recruteurs salariés de clubs. Cependant, l'accusation estime qu'au vu des montants des commissions et la régularité des contacts, l'activité exercée était celle d'un agent sportif. Saïd Chabane aurait, lui, donné de l’argent à des personnes opérant en tant que scout, à la recherche de talent. C’est en tout cas la ligne de défense de l’ex-président du SCO, qui réfutait déjà en avril dernier l’ensemble des accusations à la sortie de sa garde à vue, qui aura duré 36 heures.

"Aller me dire que Saïd Chabane président de club s'est comporté comme un agent de joueurs, on atteint les sommets du surréalisme, clame Me Bernard Benaiem, l’avocat de Saïd Chabane, joint par RMC Sport. On lui reproche d'avoir exercé l'activité d'agent sans avoir les habilitations pour le faire. Cela voudrait dire que beaucoup de présidents de clubs en France seraient poursuivis car ils ont signé des contrats de transferts etc. Notre position est ferme. Les qualifications pénales retenues sont juste ridicules. Les enquêteurs parlaient au départ d'un système monté pour permettre à Mr Chabane de simuler des sommes au fisc français et de soustraire ces sommes pour les envoyer sur des comptes à l'étranger. Ils se sont rendu compte à quel point c'est ridicule, ça ne tiendra jamais. Et c'est pour ça qu'on repart sur cette qualification d'exercice illégale de métier d'agent, ce qui est tout aussi fantasque. Pour moi, il ne se passera rien dans ce dossier."

La Fédération française de football (FFF), organe régulateur des licences d'agent sportif, s'est constituée partie civile. La Ligue de football professionnel (LFP) est également représentée à ce procès, tout comme l’Union des agents sportifs français (UASF). Vendredi, Saïd Chabane a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis, pour des agressions sexuelles sur six femmes. Les avocats de l’ancien président du SCO, qui a passé la main à son fils Romain en mars 2023, ont annoncé leur volonté d'interjeter appel de cette condamnation. Scène cocasse, avant le début de son procès, ce lundi matin, Saïd Chabane s’est emparé du dernier numéro de la revue de l’After consacrée… aux agents sportifs. Un sujet plus que d’actualité pour l’intéressé. Pas sûr en revanche que ces quelques pages lui soient d’une grande aide pour se défendre.

Article original publié sur RMC Sport