Dans les Alpes, le massif des Écrins et ses glaciers victimes du réchauffement climatique

Le massif des Écrins photographié depuis un avion lors de l’été 2022.
Compte Twitter Davide Asnicar Le massif des Écrins photographié depuis un avion lors de l’été 2022.

Compte Twitter Davide Asnicar

Le massif des Écrins photographié depuis un avion lors de l’été 2022.

ENVIRONNEMENT - « Il ressemble maintenant à un désert ». Le massif des Écrins, avec son Glacier-Blanc et les quatre sommets du Mont Pelvoux, a perdu la quasi-totalité de son blanc-manteau, comme l’atteste une photo aérienne publiée ce lundi 1er août par le chercheur à l’université de Padoue en Italie, Davide Asnicar. « Une photo effrayante au-dessus du glacier prise ce matin. Ils sont vraiment fins et foncés ! », a-t-il ajouté sur son compte Twitter, précisant que la photo a été prise depuis un avion.

Un constat amplifié en cet été 2022 en raison des températures élevées ou des records de chaleur enregistrés, même en altitude, depuis le mois de mai dans les Alpes. Seules quelques neiges éternelles sur les faces nord des plus hauts sommets ou les lacs pro-glaciaires du glacier de l’Arsine, au premier plan, contrastent avec l’ensemble grisâtre du massif.

La présence de sables et de « poussières désertiques », amenés par le vent depuis le Sahara, apparaît également sur la photo, comme le souligne le prévisionniste de Météo France, Gaétan Heymes, basé à Briançon dans les Hautes-Alpes.

Des photos comparatives entre 1895, 1983 et 2022, publiés dans un reportage réalisé fin juillet par nos confrères du Monde, témoignent de l’impact du réchauffement climatique sur le Glacier-Blanc, situé sur la face nord de la Barre des Écrins. Celui-ci a reculé de 1 kilomètre depuis 35 ans, à raison de 60 mètres par an, selon les données recueillies par le journal. Le colosse « disparaît à l’œil nu », explique Thierry Maillet, technicien patrimoine au parc national, sur le secteur de Vallouise.

Le phénomène « s’accélère ces sept dernières années », selon Thierry Maillet. « On s’attend à un bilan de masse historiquement déficitaire pour le Glacier-Blanc, au moins équivalent au record de fonte de 2003, voire pire », ajoute-t-il. Le gardien du refuge du Glacier-Blanc, Nicolas Chaud évoque, lui, des chutes de blocs de glace quotidiennes ou encore un tarissement de l’eau approvisionnant le refuge depuis les névés, ces amas de neige durcie qui alimentaient jusque-là le glacier et l’habitation.

« 90 à 95 % des volumes de glace dans les Écrins à l’horizon 2100 »

« C’est cette année que j’ai pris conscience que le réchauffement climatique est vraiment là », Nicolas Chaud au quotidien. Même constat au niveau des langues glaciaires d’Ailefroide, de la Momie, des Violettes et du Pelvoux. La moitié des 120 glaciers recensés sur le massif en 1950 ont disparu. « On va perdre de 90 à 95 % des volumes de glace dans les Écrins à l’horizon 2100 », explique au Monde Emmanuel Thibert, glaciologue de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

La disparition des glaciers et des névés met à jour des crevasses et des fissures qui ne sont pas sans conséquence pour la pratique de l’alpinisme. Le jeudi 28 juillet, deux Tchèques, disparus depuis trois jours, ont été retrouvés morts au fond d’une crevasse du Glacier-Blanc. « Ils étaient plutôt bien équipés mais les conditions pour aller sur la barre des Écrins sont vraiment très difficiles en ce moment car les crevasses sont beaucoup plus nombreuses avec la chaleur et la fonte du glacier », a alerté le procureur de la République de Gap, Florent Crouhy.

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