Affaire Narumi: le Chilien Nicolas Zepeda risque la réclusion criminelle à perpétuité

La réclusion criminelle à perpétuité a été requise, ce mercredi 20 décembre, devant les assises de la Haute-Saône à l'encontre du Chilien Nicolas Zepeda, jugé en appel pour l'assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki.

"Tout, j'insiste, tout conduit vers Nicolas Zepeda dans la mort de Narumi Kurosaki", a déclaré l'avocat général Étienne Manteaux.

En dépit de l'absence du corps de l'étudiante, jamais retrouvé, il a souligné la "solidité des charges" à l'encontre de l'accusé.

Narumi Kurosaki, victime de "l'emprise" de Nicolas Zepeda, a été victime "d'un féminicide", a estimé l'avocate des proches de l'étudiante devant les assises de la Haute-Saône, qui juge en appel le Chilien pour l'assassinat de son ex-petite amie japonaise.

La journée, qui doit voir l'avocat général présenter ses réquisitions, a connu un nouveau moment d'intense émotion lorsque la mère et les deux sœurs de Narumi ont fondu en larmes pendant la plaidoirie de leur avocate, Sylvie Galley. Elles ont dû sortir de la salle d'assises bondée, entraînant une suspension d'audience.

Une "âme errante"

La famille de Narumi, dont le corps ne sera sans doute "jamais retrouvé", est prise dans un "deuil impossible" et "une douleur perpétuelle", a déclaré à la barre Me Galley. Elle a lu "Demain, dès l'aube", le poème de Victor Hugo dédié à sa fille Léopoldine, morte noyée.

La mère de Narumi, Taeko Kurosaki, "imagine l'âme de sa fille errante dans la forêt" où les enquêteurs pensent que Nicolas Zepeda a déposé le corps, a-t-elle expliqué.

Narumi s'est retrouvée dans une "relation toxique", a insisté l'avocate, qui a longuement rassemblé les éléments montrant selon elle la responsabilité de l'accusé dans la disparition de l'étudiante à Besançon fin 2016.

Elle a été "victime d'un féminicide", a-t-elle lancé aux jurés. "Victime de l'emprise, d'une jalousie maladive, d'un désir de possession, de contrôle et d'être trop libre, trop indépendante" pour être partie étudier en France et avoir quitté Nicolas Zepeda, ce qu'il n'aurait pas supporté.

Il "a été son premier amour", a rappelé l'avocate. Il est aussi "la dernière personne à avoir vu Narumi vivante" et "la première et la seule à l'avoir vue morte puisque c'est lui qui l'a assassinée".

Chargé de l'accusation, l'avocat général Étienne Manteaux doit prendre la parole dans la foulée pour présenter ses réquisitions. Mardi 19 décembre, il a mitraillé de questions l'accusé, poussé dans ses retranchements, comme souvent dans ce procès en appel.

L'an passé, en première instance devant les assises du Doubs, il avait requis la réclusion à perpétuité mais n'avait pas été totalement suivi par les jurés qui avaient condamné Nicolas Zepeda à 28 ans de réclusion. Le Chilien avait interjeté appel.

Une "jalousie maladive"

Selon l'accusation, il est venu exprès du Chili en France fin 2016 et a tué Narumi, sans doute en l'étouffant ou en l'étranglant. Il s'est ensuite débarrassé du corps jamais retrouvé, dans une zone boisée près de la commune de Dole (Jura).

Ce mardi 19 décembre, le procureur a confronté l'accusé à ses messages autoritaires envoyés à Narumi pour lui ordonner de supprimer de son compte Facebook des amis masculins; l'achat d'un bidon d'essence et d'allumettes, potentiellement pour brûler un corps; ou encore les passages en voiture de location du Chilien près de Dole.

Il a aussi épinglé la "fierté de mâle blessé" et la "jalousie maladive" du Chilien qui n'a, selon Me Manteaux, pas supporté que Narumi le quitte et le raye de sa vie en nouant une nouvelle relation avec Arthur Del Piccolo, un étudiant de Besançon un temps suspecté mais rapidement mis hors de cause.

Partie civile au procès, il fut le dernier petit ami de Narumi.

La défense plaidera après les réquisitions de l'avocat général. Nicolas Zepeda, qui a de nouveau martelé mardi son innocence, aura la parole en dernier. Il encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict devrait intervenir ce jeudi 21 décembre.

Durant leur délibéré, les jurés devront répondre à deux questions : Nicolas Zepeda a-t-il tué Narumi Kurosaki? Si oui, a-t-il prémédité son acte?

S'ils écartent la préméditation, le président de la cour, François Arnaud, a souligné mardi que les jurés devront alors répondre à une question spéciale : le couple était-il en concubinage lorsque Nicolas Zepeda vivait au Japon, comme les débats l'ont effectivement montré? S'ils répondent oui, il s'agirait alors d'un meurtre par un ex-conjoint, faisant également encourir la perpétuité.

Article original publié sur BFMTV.com