Affaire Jubillar : ce qu'il faut savoir sur les fouilles à Cagnac-les-Mines

Depuis fin 2023, les enquêteurs accumulent de nouveaux indices sur la disparition en 2020 de Delphine Jubillar. Au point d’organiser un grand ratissage ce jeudi.

Ce 18 avril, des fouilles s'organisent dans le Tarn autour de Cagnac-les-Mines, où Delphine Jubillar a disparu en 2020. (Photo by Valentine CHAPUIS / AFP)
Ce 18 avril, des fouilles s'organisent dans le Tarn autour de Cagnac-les-Mines, où Delphine Jubillar a disparu en 2020. (Photo by Valentine CHAPUIS / AFP)

Cagnac-les-Mines n’a pas fini d’entendre parler de l’affaire Jubillar. Ce jeudi 18 avril, la petite commune du Tarn a connu une opération de ratissage massive. Sur place, une trentaine de gendarmes et une équipe cynophile spécialisée dans la recherche de restes humains ont recherché moindre indice sur le corps de Delphine Jubillar. Les deux juges d’instruction étaient également sur place de cette opération que s'est terminée vers 15h30 selon La Dépêche.

Le lieu des fouilles, au niveau du lieu-dit "La Soulié", est situé près du domicile du couple Jubillar et a déjà été fouillé en 2022 et en 2023. Mais l’équipe d’intervention de ce ratissage voudrait "fermer des portes", selon les propos d’une source proche du dossier à BFM TV. Selon Le Point, ces recherches se sont révélées infructueuses et le corps de l'infirmière reste toujours introuvable.

Delphine Jubillar, mère de famille de 33 ans, infirmière de nuit et en instance de divorce, a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines. Son corps n’a jamais été retrouvé. Son mari Cédric Jubillar, principal suspect dans cette affaire, est mis en examen pour meurtre. En détention provisoire, le peintre plaquiste de 36 ans a toujours nié l’avoir tuée.

Pourquoi une telle opération de ratissage ?

L’objectif est de recroiser de nouveaux éléments mis en lumière depuis novembre 2023. Le 18 janvier 2024, la cour d’appel de Toulouse réclamait un supplément d’informations, engendrant alors la réouverture de l'instruction.

Voici les nouveaux indices qui ont poussé le parquet à prendre une telle décision :

  • L’étrange coup de téléphone de Salem, un ex-co détenu de Cédric Jubillar, à sa mère. Dans leur conversation datant de novembre 2023, Salem assurait qu’il n’y avait "pas de preuves", tout en citant trois prénoms liés au dossier : Sofiane, Sébastien et Mathieu.

  • Le témoignage d’un homme qui pense que le corps de Delphine Jubillar se trouve sous une dalle de béton d'une maison en construction à Cagnac-les-Mines. Il a évoqué auprès des enquêteurs une pelleteuse qui "aurait disparu des lieux" au moment de l’affaire Jubillar, rapporte La Dépêche. Mais son témoignage serait arrivé trop tard, en décembre 2023, alors que le dossier était clos depuis le 21 novembre.

  • Les propos d’une voyante affirmant savoir où se trouvait le corps de Delphine Jubillar. Ses "flashs" lui montraient le corps de la mère de deux enfants dans une décharge, près d'une ferme à Cagnac-les-Mines.

Ces nouveaux témoins pourraient apporter leur version des faits lors du procès public, qui devrait arriver courant 2024, début 2025, selon l'Indépendant.

Des tensions autour de l’argent et de la maison des Jubillar

À cela s’ajoutent des tensions financières qui fragilisaient le couple, en plus de relations extra-conjugales. Le Parisien rapportait en janvier 2024 que Delphine Jubillar était en charge de payer "la complémentaire santé, les assurances, les frais de garde, les abonnements téléphoniques et Internet et les deux tiers des courses alimentaires" du couple. Le tout avec son salaire d’infirmière de "2 200 euros nets mensuels".

Elle était également en charge de rembourser le prêt immobilier de leur maison, en copropriété entre les deux époux. Les Jubillar y effectuaient des travaux depuis 2014. Selon les juges d’instruction, le domicile avait fini par devenir "une question existentielle voir obsessionnelle" pour Cédric, qui ne voulait "absolument pas perdre" la maison malgré leur divorce imminent. L’ouvrier en bâtiment souhaitait la racheter, mais son statut précaire ne le lui permettait pas.

En parallèle, Delphine Jubillar avait réclamé auprès de sa banque un nouveau code de carte bleue, que son mari avait l’habitude de subtiliser. Elle devait recevoir le code en mains propres, mais a disparu avant. Depuis, le remboursement du prêt de la maison a été suspendu. Un gain de temps pour Cédric Jubillar, bien décidé à la garder ?

Les finances du couples et la question du devenir de la maison sont des mobiles qui ont gagné de l’épaisseur auprès des juges. Les fouilles actuellement en cours pourraient apporter d’éventuelles réponses, à quelques mois du procès.