Une égyptologue espagnole résout l'énigme posée par l'un des plus vieux textes philosophiques de l'humanité

"Être ou ne pas être ?" Près de 3500 ans avant Shakespeare, un scribe égyptien s'est posé cette même question dans l'un des plus anciens textes philosophiques de l'histoire. Malheureusement parcellaire, ce dernier a pu être complété - et ainsi compris - grâce à la découverte en 2017 par la chercheuse Marina Escolano-Poveda des fragments manquants. Aujourd'hui, ce travail est unanimement validé par les égyptologues.

Cette nuit de 2017, à 3 heures du matin, la jeune égyptologue espagnole Marina Escolano-Poveda, doctorante à l’Université Johns Hopkins, à Baltimore (États-Unis), travaille encore d’arrache-pied à la préparation d’une conférence sur des fragments de papyrus conservés au Musée biblique de Majorque. Parce qu’elle planche au même moment sur sa thèse de doctorat - qui porte sur un tout autre sujet, les prêtres égyptiens de la période gréco-romaine -, la jeune femme est contrainte d’effectuer une partie de ses recherches la nuit. Dans ses oreilles, pour la maintenir en alerte, résonne le morceau de hard rock espagnol "Salir", du groupe Extremodoru. "C'est devenu une chanson très spéciale pour moi", raconte Marina Escolano-Poveda à Sciences et Avenir. Au rythme des guitares distordues survient alors le choc : "En cherchant à faire des parallèles avec les signes des fragments de Majorque pour les dater plus précisément, j'ai réalisé qu’ils étaient exactement les mêmes que ceux de la section de P. Berlin 3024 appelée 'Conte du gardien de troupeaux'."

Texte à trous

P. Berlin 3024 n’est pas n’importe quel document : il est non seulement l’un des plus importants papyrus égyptien au monde (avant même que le terme "philosophie" ne soit utilisé pour la première fois en Grèce antique), mais il contient aussi l’un des plus anciens textes philosophiques connus, vieux de 4000 ans, appelé Dialogue d’un désespéré avec son âme (ou encore Le désillusionné et son Ba, Débat entre un homme et son Ba… - "Ba" signifiant "âme" en égyptien ancien).

Les spécialistes n’ont jusqu’ici pourtant jamais réellement compris ce récit. "Tout simplement parce que la première partie est manquante", explique Marina Escolano-Poveda. Cette première partie, l’égyptologue réalise cette nuit-là qu’elle l’a sans doute en face des yeux. "J’ai compris que les fragments de Majorque que j’étais en train d’étudier contenaient les restes de deux textes, le Dialogue entre un homme et son Ba et le Conte du gardien de tro[...]

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