À la COP28, un « accord historique » sur les énergies fossiles adopté, ovation dans la salle à Dubaï

A la COP28 le Sultan Al Jaber applaudit l’adoption d’un accord visant à « transitionner » hors des énergies fossiles, le 13 décembre 2023 à Dubaï
GIUSEPPE CACACE / AFP A la COP28 le Sultan Al Jaber applaudit l’adoption d’un accord visant à « transitionner » hors des énergies fossiles, le 13 décembre 2023 à Dubaï

CLIMAT - Ovations et applaudissement. Il était un peu avant 8h30 ce mercedi 13 décembre quand de la fumée verte est sortie de la COP28 à Dubaï. Quelques heures après que la présidence émiratie a dévoilé un nouveau projet de compromis, il a été adopté par l’ensemble des pays présents. Surprise, il renforce l’appel à abandonner les énergies fossiles dans le but d’atteindre la neutralité carbone en 2050, quand son prédécesseur suscitant un tollé n’en évoquait même pas la « sortie ».

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Ce nouveau document, dont la publication a été attendue toute la nuit par des négociateurs privés de sommeil, propose pour la première fois dans l’histoire des conférences sur le climat des Nations unies de mentionner toutes les énergies fossiles, largement responsables du changement climatique.  Il s’agit d’une décision « historique pour accélérer l’action climatique », a déclaré Sultan Al Jaber, président de la conférence de l’ONU.

Seule la « réduction » du charbon avait été actée à la COP26 à Glasgow. Jamais le pétrole ni le gaz n’avaient été désignés.

Alors que chaque mot a été négocié par les Emiratis, le texte appelle désormais à « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».

L’appel à accélérer l’action dès la décennie en cours était une exigence de l’Union européenne et de nombreux autres pays.

« S’éloigner », « abandonner »

En choisissant le terme de « transitioning away » (« transitionner hors de », « s’éloigner », « abandonner » selon les traductions possibles en français), le texte ne parle plus de « phase-out » (« sortie ») du pétrole, du gaz et du charbon, un terme devenu depuis des mois la bannière derrière laquelle se rangeaient plus d’une centaine de pays et des milliers d’ONG.

Dans ce projet d’accord figure également une reconnaissance du rôle joué par des « énergies de transition », allusion au gaz, pour assurer la « sécurité énergétique » des pays en développement, où près de 800 millions de personnes manquent d’accès à l’électricité.

Le texte contient de multiples appels liés à l’énergie : tripler les capacités d’énergies renouvelables et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030 ; accélérer les technologies « zéro carbone » et « bas carbone », dont le nucléaire, l’hydrogène bas carbone, et le balbutiant captage et stockage du carbone, défendu par les pays producteurs de pétrole pour pouvoir continuer à pomper des hydrocarbures.

Un signal « important » pour les ONG

« Ce n’est pas la promesse historique » du « phase-out » mais « transition hors, cela envoie quand même un signal important. Et si c’est adopté, ce serait quand même la première fois qu’on a de tels mots, qui couvrent non seulement le charbon, mais aussi le pétrole et le gaz », a réagi Caroline Brouillette, directrice du réseau d’ONG Réseau Action Climat Canada.

Elle a regretté cependant l’inclusion de « distractions dangereuses comme la capture et le stockage du carbone, le nucléaire. »

L’ONG WWF a qualifié le nouveau projet d’accord d’« amélioration » concernant les énergies fossiles, par rapport à la version précédente, tout en notant l’absence d’appel à une « sortie complète » des fossiles. Mais « si ce texte est adopté, il représenterait un moment significatif », a estimé Stephen Cornelius, de WWF.

« Ce texte est un pas en avant sur le chemin de la sortie des énergies fossiles, mais n’est pas la décision historique que l’on espérait », a réagi Andreas Sieber de 350.org, qui aurait voulu un appel plus direct à la sortie des fossiles. La formulation est « entre une réduction et une sortie », analyse Catherine Abreu, de l’ONG Destination Zero, qui comme d’autres souligne qu’il s’agit d’un compromis.

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