Européennes : ce que la liste de Valérie Hayer et Renaissance dit de la stratégie d’Emmanuel Macron

Avec Nathalie Loiseau, Pascal Canfin ou Bernard Guetta, le camp macroniste dit choisir « la continuité. » Il n’avait pas vraiment le choix.

Ce que les noms de la liste Renaissance aux européennes disent de la stratégie d’Emmanuel Macron (ici avec Valérie Hayer le 17 avril à Bruxelles).
LUDOVIC MARIN / AFP Ce que les noms de la liste Renaissance aux européennes disent de la stratégie d’Emmanuel Macron (ici avec Valérie Hayer le 17 avril à Bruxelles).

POLITIQUE - Plat du pied, sécurité. Le camp présidentiel a dévoilé, vendredi 3 mai en fin de soirée, les trente premières personnalités sur sa liste aux élections européennes. Derrière Valérie Hayer, la cheffe de file désignée fin février, figureront donc, dans l’ordre : Bernard Guetta (RE), Marie-Pierre Vedrenne (MoDem), Pascal Canfin (RE) et Nathalie Loiseau (Horizons).

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Comme ce quatuor de tête, la liste des 30 – ciselée avec soin pour contenter tous les alliés – fait la part belle aux eurodéputés sortants. Parmi les reconduits, on retrouve ainsi l’Italien Sandro Gozi en sixième position, puis Fabienne Keller (7), Laurence Farreng (9) ou encore Gilles Boyer (10), Christophe Grudler (12), Stéphanie Yon-Courtin (13) et Jérémy Décerle (14).

Pour leur capitaine Valérie Hayer, voilà « une très belle équipe de France pour l’Europe ». Certes. Cette composition d’équipe illustre néanmoins les soucis du camp macroniste, contraint, dans une campagne délicate, de se recentrer sur des personnalités déjà élues et pour certaines (rares) identifiées du grand public.

Tant pis pour le renouvellement. Au début de la campagne, les proches du président de la République s’épanchaient sur le souhait de ce dernier de changer les visages pour mener un combat « existentiel », par ailleurs dernière élection nationale avant 2027. Las, l’attention s’est perdue.

Pour cause : les places éligibles sont devenues chères au fil de la campagne. En raison notamment de nouvelles composantes à intégrer, comme l’UDI qui ne faisait pas alliance avec la Macronie en 2019. Surtout, à cause de sondages électoraux en berne. Si la liste menée par Nathalie Loiseau il y a cinq ans récoltait 22,5 % des suffrages, celle de Valérie Hayer est aujourd’hui créditée de 17 % d’intentions de vote, face à un Rassemblement national dans sa meilleure forme. Retour donc aux fondamentaux dans le camp macroniste avec 13 eurodéputés reconduits sur les 20 premiers candidats.

Une stratégie opposée à celle du parti d’extrême droite, lequel a multiplié les « coups » en attirant des personnalités de la société civile sur la liste de Jordan Bardella – au risque de récupérer plusieurs polémiques dans leurs bagages – mais qui peut malgré tout présenter quelques avantages. En termes d’expérience et de compétences.

Ce samedi, Valérie Hayer a vanté « une liste de continuité » lors d’un séminaire au siège du parti Renaissance. « C’est important. On ne change pas une équipe qui gagne. Et c’est aussi une des clés pour être puissants et efficaces au Parlement européen », a-t-elle souligné, en espérant « faire mentir les sondages ».

Dans ce contexte, le sort plus particulier de Pascal Canfin est intéressant. L’eurodéputé, président de la commission environnement au Parlement européen et dernière caution verte du camp présidentiel, a été sur la sellette au moment de la crise agricole, notamment. Ancien dirigeant d’EELV entre 2015 et 2020, il a été pointé du doigt par les syndicats et certains élus comme le père des normes environnementales décriées par les paysans.

C’est lui aussi qui est apparu dans l’épisode de la vraie-fausse invitation des Soulèvements de la Terre lors du grand débat souhaité par le président de la République au salon de l’Agriculture. Malgré ces péripéties, le voilà finalement en quatrième position sur la liste de Valérie Hayer. Ce qui n’a rien d’anodin dans le jeu politique actuel.

Il semblait difficile effectivement, pour le camp présidentiel, de se passer d’un élu plutôt considéré à gauche dans leur organigramme, à l’heure où la liste de Valérie Hayer se retrouve talonnée par celle du Parti socialiste et de Place publique. D’autant plus quand Raphaël Glucksmann attire les déçus du macronisme en axant son discours sur les thèmes sociaux et écologistes.

Restent, parmi ces trente premiers candidats, trois personnalités issues de la société civile. Deux sont en bonne place pour être éligibles : Grégory Allione, le directeur de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (8e). Et Sylvie Gustave-dit-Duflo, la présidente du Conseil d’administration de l’Office français de la biodiversité (15e). Un pompier pour éviter le platane ?

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