William Friedkin, un cinéaste qui “croyait profondément au mal”

Pourquoi L’Exorciste reste un classique de l’horreur qui a survécu à une montagne de parodies ? L’une des raisons, estime le Los Angeles Times, “c’est qu’il aborde la réalité du démoniaque avec une conviction et une sincérité absolues”. De fait, le réalisateur William Friedkin, disparu ce 7 août, “croyait profondément en l’existence du mal”. Le critique cinéma du quotidien, Justin Chang, lui rend un hommage vibrant, soulignant que la réussite du long métrage de 1973 doit autant à la représentation frappante de la possession maléfique qu’à une tension plus insidieuse, et diablement efficace.

Si la foi est la solution, le spectateur est confronté au “doute envahissant qui taraude sa mère et ses soignants pendant la batterie d’examens médicaux menée sur la fillette, le tout filmé avec un détachement clinique et glacial”.

Cette qualité d’exploration des ténèbres est d’ailleurs une signature du réalisateur de French Connection, qui traverse toute son œuvre, analyse Justin Chang. “Si Friedkin abordait le mal sur un plan spirituel et intellectuel, son génie consistait à l’exprimer viscéralement et, parfois, avec une simplicité brutale”, par sa photographie comme par sa direction d’acteurs.

Un portail de magie noire

C’est pourquoi le Los Angeles Times invite les cinéphiles à (re)découvrir le reste de la carrière de Friedkin, au-delà de ces deux classiques. Sont listés Le Sang du châtiment (un film policier), Blue Chip (un drame sportif) et Jade (un thriller cité par le réalisateur comme un de ses préférés). Mais Justin Chang s’attarde surtout sur Le Convoi de la peur – adapté du Salaire de la peur, film d’Henri-Georges Clouzot, sur le roman éponyme de Georges Arnaud. Le critique applaudit cette version américaine de 1977.

“C’est l’œuvre d’un cinéaste qui, au faîte de son talent, pouvait faire de l’écran un portail ouvrant ses yeux et les nôtres sur la magie la plus noire qui soit.”

Friedkin, âgé de 87 ans, mettait la dernière main à son ultime film quelques semaines avant sa mort, signale le journal. The Caine Mutiny Court-Martial (en VO), adaptation du roman et de la pièce de Herman Wouk Ouragan sur le Caine, sera présenté à la Mostra de Venise, qui s’ouvre le 30 août prochain.

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