"Watergate grec" : les journalistes espionnés entendus par le Parlement européen

Trop de questions sont restées sans réponse lors de la première audition de la commission du Parlement européen qui enquête sur ce qui a été surnommé le "Watergate" grec. Les députés ont entendu ce jeudi les deux journalistes dont les téléphones ont été mis sur écoute par les service de renseignement grecs, grâce au logiciel Predator.

Ces derniers mois, c'est par eux ainsi qu'un des leaders de l'opposition, qu'est arrivé le scandale. Tous les trois ont vu leur smartphone infectés par Predator et toutes leurs données aspirées.

"Ils s'en prennent au Parlement européen et aux journalistes en disant que ce n'est pas vraiment un scandale, mais on se demande alors pourquoi le chef des services secrets a dû démissionner, pourquoi M. Dimitriadis (ancien secrétaire général du gouvernement et neveu du Premier ministre) a dû démissionner, pourquoi il y a une enquête parlementaire si ce n'est pas un scandale ? Certaines personnes vont dire : 'Oui, mais vous savez, je ne me soucie pas de la démocratie. Je veux juste savoir que je peux payer mes factures à la fin du mois. Les coûts de l'énergie augmentent etc..' Mais je pense que c'est précisément dans ces moments-là que nous avons besoin de gouvernements fiables, honnêtes et stables", explique Sophie in 't Veld, députée néerlandaise Renew Europe.

Si Athènes affirme qu'en aucune manière l'Etat n'est directement impliqué, les révélations ont néanmoins poussé à la démission deux personnages clés de cette affaire : le patron des renseignements grecs ainsi que Grigoris Dimitriadis, secrétaire général du bureau du premier ministre Mitsotakis, également neveu de ce dernier.

"Il ne s'agit pas seulement d'espionner les journalistes, il s'agit aussi de les menacer dans le cadre de leur travail et de les poursuivre pour ce qu'ils révèlent, ce qui est clairement une atteinte à la liberté de la presse", estime Saskia Bricmont, députée européenne belge (Verts).

La Grèce est actuellement 108e sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Soit le pays le plus mal classé des 27.