Voyages en train illimités: le "Pass rail" de Macron accueilli avec scepticisme par les régions

Une idée et une histoire de gros sous. Emmanuel Macron s'est dit favorable ce lundi chez Hugo Décrypte à la création d'un "Pass rail", un tarif unique pour les transports dans les régions françaises, en s'inspirant directement de l'Allemagne.

De quoi susciter des critiques chez une partie des élus régionaux, dont dépend la compétence des transports locaux, même si plusieurs exécutifs locaux appliquent déjà ce dispositif.

"Le président de la République a souvent de très bonnes idées, mais il faut surtout qu'il arrête d'avoir des idées avec le pognon des collectivités locales", a ainsi tancé Franck Dhersin, le vice-président LR de la Région Hauts-de-France en charge des Transports sur France info ce mardi.

Une priorité pour le climat

L'Allemagne a lancé au printemps dernier un ticket permettant de voyager de manière illimitée dans les transports en commun et les trains allemands régionaux à l'exception des lignes à grande vitesse pour 49 euros par mois.

L'initiative a connu un grand succès depuis son lancement au mois de mai: 11 millions de personnes y ont déjà souscrit, dont 44% n'avaient pas d'abonnement aux transports publics auparavant.

De quoi inspirer Emmanuel Macron qui a dit vouloir "accélérer" dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le transport est l'activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre, comme le souligne le ministère de la Transition écologique. Les transports routiers représentent la quasi-totalité de ces émissions.

"Ça dépend qui paie"

"Toutes les régions qui sont prêtes à faire avec l'État (ce pass), je dis banco!", a expliqué le président, sans s'attarder sur le mode de financement. C'est pourtant bien là que le bât blesse.

En Allemagne, le coût de cette mesure est estimé à trois milliards d'euros, financé à la fois par l'État fédéral mais également les régions.

"Le pass rail est une très bonne idée mais ça dépend qui paie. Ça ne peut pas être nous, ce n'est pas possible dans notre équilibre financier actuel", tance de son côté Nicolas Darangon, premier vice-président (LR) de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et très proche de Laurent Wauquiez auprès de BFMTV.com.

Le diagnostic est partagé par Xavier Bertrand qui juge qu'à "la fin, il y a bien quelqu'un qui paie", a répondu ce mardi le président LR de la région Hauts-de-France sur France bleu.

"Est-ce qu'il faut un tarif unique? Je suis d'accord, je suis prêt à faire un effort mais il faut bien que l'État soit au rendez-vous", prévient encore l'élu régional.

Pécresse accuse Macron de "pipeau"

Valérie Pécresse est plus directe. "Macron dit banco, moi je dis pipeau parce que l'année dernière, le président a bloqué le financement qui aurait perdu de ne pas aug menter le pass (Navigo) qui était à 75 euros l'année dernier", avance la présidente LR de la Région Île-de-France ce mardi sur France bleu.

L'abonnement aux réseaux de transports franciliens est passé à 84 euros cette année. En décembre dernier, l'ex candidate à la présidentielle avait renvoyé la hausse de cette responsabilité sur le gouvernement, disant s'être "battue" pour limiter la hausse des tarifs.

La mesure souhaitée par Emmanuel Macron est pourtant déjà appliquée dans un certain nombre de régions à destination de tous ou en étant seulement réservés aux plus jeunes.

Des dispositifs déjà proches en place

En Occitanie, la région a ainsi mis en place le billet de train à un euro pour tous cet été tout comme lors de la saison 2022 sur tout son réseau de bus. 346.000 tickets ont ainsi été écoulés à ce montant.

Dans les trains régionaux, des billets à un euro étaient également réservés aux moins de 27 ans. En 2022, en pleine hausse des tarifs à la pompe, la région avait également fixé le prix des trajets en TER à un euro les week-ends.

Dans le Grand Est, la région a mis en place un abonnement mensuel de 29 euros à destination des moins de 26 ans pour circuler de façon illimitée. En Bretagne, tous les collégiens, lycéens et étudiants de moins de 26 ans ont bénéficié cet été de billets gratuits, à réserver la veille pour le lendemain sur le réseau des bus et des trains de la région.

Le ministre des Transports s'est emparé de la balle présidentielle au bond. "Pour l'écologie et le pouvoir d'achat, créons ce pass train en France, l'État et les régions ensemble", a avancé sur X (ex Twitter) Clément Beaune ce mardi matin.

Article original publié sur BFMTV.com