Dans « Le Voyage de Chihiro », cette scène à bord d’un train a de quoi résonner en chacun de nous

Chihiro prend le train par elle-même pour la première fois, dans « Le Voyage de Chihiro ».
Chihiro prend le train par elle-même pour la première fois, dans « Le Voyage de Chihiro ».

CINÉMA - D’après l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, prendre l’avion plus de quatre fois dans sa vie, ce n’est (vraiment) pas recommandé. Voyager en train, c’est mieux. Et ça, Chihiro - la célèbre héroïne du film d’animation japonais de Hayao Miyazaki - l’avait peut-être compris depuis longtemps, comme en témoigne une scène emblématique du long-métrage sorti sur nos écrans en 2002.

La scène qui nous intéresse aujourd’hui se trouve à la toute fin du Voyage de Chihiro, dont l’histoire raconte le voyage d’une enfant de 10 ans dans un univers magique (et parfois terrifiant) dont elle doit sauver ses parents transformés en cochons.

Grandie par ses nouvelles rencontres et les expériences hors du commun qu’elle a vécues seule tout au long de son séjour, Chihiro prend la décision de quitter les thermes de Yubaba où elle travaillait. Elle doit se rendre chez la sœur de la sorcière. Chihiro est convaincue qu’elle peut libérer son ami Haku d’un terrible sortilège.

Un aller sans retour

Mais voilà, Zeniba habite loin et il faut traverser la mer. Problème, il n’y a pas de bateau. Le seul moyen de locomotion qui existe pour arriver jusqu’en forêt, c’est un train, qui ne propose qu’un aller sans retour. Pas question de se raviser, Chihiro grimpe dans l’un des vieux wagons à son arrivée en gare, accompagnée du Sans-Visage et de deux drôles de créatures (un oiseau-mouche et un gros hamster). Le contrôleur déchire son billet. La gamine s’assoit. Le trajet peut commencer.

Pendant deux minutes, les paysages poétiques défilent. Tandis que les voyageurs - des ombres - descendent du train sans faire un bruit, Chihiro et ses trois compères se muent en silence. Le train file à toute vitesse à travers la mer au seul son du piano de Joe Hisashi, rappelle l’auteur du blog Cinéma Pop Corner dans son billet.

« Le Voyage de Chihiro », 2002.
« Le Voyage de Chihiro », 2002.
« Le Voyage de Chihiro », 2002.
« Le Voyage de Chihiro », 2002.

Chihiro, elle, patiente. Elle est calme et regarde de temps en temps à travers la vitre. Son visage, métaphore du passé, s’y reflète. Elle est seule, mais semble déterminée. C’est « le point culminant » de son voyage, explique Hayao Miyazaki dans les notes de production du film.

Le premier voyage en train en solitaire

« La plupart des gens se souviennent de la première fois où ils ont pris le train par eux-mêmes, continue le réalisateur. Si vous êtes encore un enfant, vous essaierez de prétendre que vous allez bien. Vous ne voulez pas que les autres sachent que vous êtes nerveux. Vous êtes trop occupés à essayer de dissimuler votre anxiété. Vous n’avez même pas le courage de poser des questions ou de demander de l’aide, même lorsque vous n’êtes pas sûr de quelque chose. »

« Le Voyage de Chihiro », 2002.
« Le Voyage de Chihiro », 2002.

Le cinéaste poursuit : « Parce que vous êtes trop anxieux et nerveux, vous ne prêtez pas attention aux gens qui vous entourent dans le train, ils ont l’air de ne pas avoir de visage. […] C’est pour ça que le personnage de Sans-Visage devait ne pas avoir de visage, pour que les spectateurs puissent se concentrer sur les émotions de Chihiro. »

La naïveté des débuts l’a quittée. Son insouciance, pas à tout fait. Comme souvent dans les films de Miyazaki, il est, ici, question de mûrir. Chihiro a enfin compris ce que signifiait vivre : non seulement vivre avec le souvenir de notre passé, mais aussi celui que nous sommes devenus depuis. Pour elle, le voyage s’arrête là. Dernier arrêt, tout le monde descend.

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