Vosges: l'adolescent soupçonné du meurtre de Rose livre de premières explications

La mère de la petite Rose répond à des journalistes, le 26 avril 2023 à Rambervillers, dans les Vosges (Jean-Christophe Verhaegen)
La mère de la petite Rose répond à des journalistes, le 26 avril 2023 à Rambervillers, dans les Vosges (Jean-Christophe Verhaegen)

L'adolescent soupçonné du meurtre de la petite Rose, cinq ans, l'an dernier à Rambervillers (Vosges), a livré lors de la première journée de son procès à huis clos à Epinal quelques "explications" sur les faits, trois mois après une condamnation pour viols et agressions sexuelles dans une autre affaire.

Mardi, les policiers municipaux, le directeur d'enquête, et des services ayant suivi l'adolescent mis en cause ont déposé devant le tribunal. Si à la pause méridienne, il n'avait pas encore pris la parole, il a pu livrer quelques "explications" en répondant aux questions qui lui étaient posées dans l'après-midi.

Ce qu'attendent de ce procès les parents de la petite fille, "c'est vraiment obtenir la vérité" sur les "22 minutes" où Rose a été dans l'appartement avec le mis en cause, avait déclaré mardi matin l'un de leurs avocats, Stéphane Giuranna.

"On s'en doutait, ça a été extrêmement dur pour (les parents de Rose). Le père a quitté la salle à un moment, la mère a beaucoup manifesté d'émotions, c'était très dur" pour eux, a déclaré David Collot, autre avocat de la partie civile. "Il ont quand même pu entendre des avancées sur les explications" du mis en cause, a-t-il poursuivi.

Il a notamment, comme durant l'instruction, reconnu la matérialité des faits, "avoir voulu tuer Rose et l'avoir tuée", a précisé Me Collot. Mais "aujourd'hui, ce qui vient en addition de ça, ce sont quelques explications sur peut-être des motifs sexuels qui l'auraient poussé à commettre ces faits".

- La tête sous l'eau -

Le 25 avril 2023, moins d'une heure après le signalement de la disparition de Rose par ses parents, son corps avait été découvert dénudé dans un sac poubelle, dans un appartement de cette commune de 5.000 habitants.

L'adolescent, âgé de 16 ans aujourd'hui, avait reconnu avoir attiré la fillette chez lui, prétextant qu'il allait lui montrer un chaton.

Il avait reconnu, lors d'une reconstitution deux mois après les faits, avoir maintenu la tête de l'enfant sous l'eau dans la baignoire.

Des traces de sperme ont par ailleurs été retrouvées sur les vêtements de Rose. Selon Me Collot, l'adolescent a indiqué à l'audience, questionné et "un peu poussé dans ses retranchements, qu'il se serait masturbé après avoir commis le meurtre" de l'enfant.

Il affirmait depuis le début de l'instruction que "rien d'ordre sexuel" ne s'était passé ce jour d'avril avec l'enfant.

Le corps de la fillette ne présentait pas de traces suspectes, selon un rapport d'autopsie, mais "cela ne permet pas d'éliminer des attouchements", notaient les experts.

Le profil génétique de la fillette avait également été retrouvé "de façon très minoritaire au niveau des testicules et du pénis du mis en examen" mais aussi sur son pantalon et ses sous-vêtements, selon une source proche du dossier.

Questionnée sur l'état d'esprit de son client en début d'après-midi, l'une des avocates de l'adolescent, Elise Lemelle, a indiqué à la presse que c'était "difficile", sans souhaiter s'exprimer davantage.

- "Dysfonctionnements" -

Dans une précédente affaire, l'adolescent a déjà été condamné en mars à trois ans de prison, dont un avec sursis, par le tribunal pour enfants d'Epinal pour viol et agression sexuelle sur deux garçons de 11 et 12 ans. Les faits s'étaient produits en février 2022, antérieurement à la mort de Rose.

Placé en centre éducatif fermé hors du département pendant un an après ces agressions, l'adolescent était ensuite retourné vivre chez sa mère à Rambervillers, peu avant le meurtre de Rose.

Virginie Barbosa, conseil de l'association La Voix de l'Enfant, explique que la position de l'association durant ce procès est de "mettre en avant les dysfonctionnements. C'est particulier car on a une victime mineure, et un auteur qui est également mineur".

La question du suivi de l'adolescent devra être débattue à l'audience. "Il ressort (du centre éducatif fermé, ndlr), et parce qu'il n'y a pas de place dans l'IME (Institut médico-éducatif), on va le remettre au domicile de ses parents", pointe Me Barbosa.

L'adolescent est par ailleurs visé par une autre plainte pour des faits de viol et agression sexuelle commis eux aussi en février 2022, a-t-on appris la semaine dernière. Une enquête préliminaire est toujours en cours.

mlx/bdx/dch