"Comment vivre près d'un point de deal?": l'affiche d'un spectacle soutenu par la ville de Grenoble critiquée

Un sous-texte rajouté par la municipalité, qui questionne la vie au "quotidien à proximité d’un point de deal", est vivement critiqué par les représentants de police et l'opposition.

Une affiche qui fait polémique. Ce mardi 9 janvier, une pièce de théâtre nommée Les copains d'en bas est programmée à l'auditorium du Moonshot Labs à Grenoble. Elle est mise en scène depuis 2018 par la Compagnie Artiflette. Le synopsis est simple: un couple de trentenaires, Ben et Charlotte, décident de déménager dans une cité HLM afin de vivre "la mixité sociale", indique le programme de la ville.

Le contenu de la pièce en lui-même ne fait pas polémique. En revanche, dans la publicité qui en est faite par la ville, via des affiches placardées dans les rues et dans le magazine municipal, la mairie a rajouté un bandeau sur le bas de l'affiche qui indique le sous-titre suivant: "Comment vivre au quotidien à proximité d'un point de deal?"

Sur l'affiche originale, ce rajout n'existe pas, et était remplacé par la phrase "Chronique d’un quotidien dans la cité magnolia." Contactée par BFMTV, la compagnie de théâtre confirme que l'affiche initiale ne contenait aucune allusion aux points de deal, rajoutée par la ville. Pour sa part, la municipalité iséroise s'est refusée à tous commentaires.

"Mépris"

Le rajout de la municipalité grenobloise n'en finit plus de faire réagir les syndicats de policiers. Sur X (anciennement Twitter), le syndicat des Officiers et Commissaires de police dénonce une municipalité qui "propose un petit spectacle pédagogique pour apprendre à vivre près d’un point de deal" tandis que "tous les jours, les policiers luttent contre le fléau de la drogue."

Auprès de BFMTV, Yannick Biancheri, secrétaire départemental d’Alliance police nationale en Isère, dit s'attendre à "une mairie qui soutient la police et qui explique comment endiguer les points de deal plutôt que d’apprendre la population comment vivre avec."

"Je pense que monsieur Piolle va systématiquement du côté des trafiquants, on va le dire, il est systématiquement du côté de la voyoucratie plutôt que de la police nationale", tacle-t-il.

En fin de matinée ce lundi, Alain Carignon, ancien ministre délégué à l'Environnement et maire de Grenoble entre 1983 et 1995, a également fait part de sa colère et pointé "une nouvelle provocation de la municipalité." "Aujourd’hui, elle veut donner des leçons aux Grenoblois, des cours pour faire des dealers les copains d’en bas", commence-t-il.

"Est-ce qu’elle va apprendre aux Grenoblois comment éviter une balle perdue? On a affaire à une municipalité idéologue, qui quitte la réalité en se réfugiant dans la représentation", dénonce-t-il.

Selon lui, le rajout de ce bandeau par la mairie de Grenoble est synonyme de "mépris" pour les habitants des quartiers concernés.

"En faisant des dealers les copains d’en bas, ces municipalités rouge-vert, il faut les appeler comme ça, méprisent totalement les habitants des quartiers, ils les stigmatisent en les assimilant à ceux qui distribuent la mort pour faire de l’argent", tacle encore Alain Carignon.

Depuis plusieurs mois, la ville de Grenoble est en proie à de nombreux règlements de compte liés au trafic de stupéfiants. En juin dernier, six personnes, des hommes de 23 à 28 ans, ont été hospitalisées après une fusillade dans le quartier de la Villeneuve.

Article original publié sur BFMTV.com

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