Visite du pape : François « à Marseille, pas en France », qu’est-ce que cela change ?

Le pape François, ici aux Journées mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, se rend à Marseille ce 22 septembre.
Vatican Pool / Getty Images Le pape François, ici aux Journées mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, se rend à Marseille ce 22 septembre.

RELIGION - Le pape François avait prévenu, le 6 août, dans l’avion le ramenant au Vatican après les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Lisbonne : « Je suis allé à Strasbourg (en 2014, ndlr), j’irai à Marseille (les 22 et 23 septembre), mais pas en France », avait-il lancé aux journalistes. Interrogé par l’un d’entre eux pour savoir s’il avait « quelque chose contre la France », le pape avait répondu : « Non, non, il n’y a rien ».

La cité phocéenne ne fait-elle plus partie de la France ? La formule insistante du souverain pontife vise en réalité à préciser que sa venue, à partir de ce vendredi 22 septembre et pour deux jours, n’aura pas valeur de visite d’État. Il tient à la consacrer à la Méditerranée et au défi migratoire, dans un contexte d’hostilité croissante envers les candidats à l’exil au sein d’une Europe tentée par le repli.

La question migratoire, pierre angulaire de son pontificat

« Le problème qui me préoccupe c’est le problème méditerranéen (...) L’exploitation des migrants est criminelle », a expliqué le pape François, qui a fait de la question migratoire une pierre angulaire de son pontificat. Il ne cesse depuis son élection en 2013 de dénoncer les discours de rejet et les politiques de fermeture.

Son séjour intervient quelques jours après l’arrivée sur l’île italienne de Lampedusa de milliers de personnes, qui a poussé l’Union européenne à adopter un plan d’urgence pour aider Rome à gérer les flux migratoires en provenance d’Afrique du Nord. Cette route est considérée comme la plus dangereuse au monde : plus de 28 000 disparus depuis 2014, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). « Le plus grand cimetière au monde », déplore régulièrement le pape.

La visite du jésuite argentin aura lieu dans le cadre des « Rencontres de la Méditerranée », du 18 au 24 septembre, un forum dont la dernière édition s’était déroulée à Florence, et où le pape n’avait pas pu se rendre. Lors de cet événement, les évêques de toutes les villes de la Méditerranée se rassemblent pour échanger avec des jeunes sur les questions migratoires, les inégalités économiques ou le changement climatique.

Le souverain pontife sera accueilli à 16 h 15 à l’aéroport de Marseille Marignane par la Première ministre Élisabeth Borne. Il se rendra aussitôt à la basilique Notre-Dame de la Garde. Après une prière avec le clergé, il se recueillera, avec des représentants d’autres confessions, devant le Mémorial dédié aux marins et migrants disparus en mer, érigé au pied de la « Bonne mère », le surnom de l’édifice religieux qui domine la ville. Placée sous haute sécurité, cette visite s’achèvera samedi par une messe devant 57 000 personnes au stade Vélodrome.

Pas de cérémonie protocolaire, mais un tête-à-tête avec Macron

Une visite d’État implique un dispositif millimétré et des cérémonies protocolaires : accueil par et rencontre avec le président, repas à l’Élysée… des passages obligés par lesquels vient de passer le roi Charles III, de passage en France, mais qui ne concerneront pas le pape François dans la deuxième plus grande ville française.

Ce dernier doit tout de même s’entretenir avec Emmanuel Macron, qu’il a déjà reçu trois fois au Vatican. Le président de la République, qui tutoie le pape, assistera aussi à la messe samedi au Vélodrome. « Je n’irai pas en tant que catholique, j’irai comme président de la République qui est en effet laïque », a-t-il indiqué pour balayer la polémique sur sa présence. « Une façon de ramener la France à un pape qui n’a pas voulu y venir », analyse Le Monde.

Près de 500 ans après la dernière visite papale à Marseille – à l’occasion d’un mariage royal –, ce déplacement est aussi le premier d’un pape en France depuis Benoît XVI en 2008. François s’était certes brièvement rendu en 2014 à Strasbourg, mais c’était au Parlement européen.

Jorge Bergoglio, âgé de 86 ans, pourrait ne jamais visiter officiellement la France. Il continue de voyager malgré une santé de plus en plus fragile l’obligeant à se déplacer en fauteuil roulant, mais en donnant priorité aux « périphéries ». « C’est une politique. Je visite les petits pays européens, les grands (Espagne, France, Angleterre…) je les laisse pour après, pour la fin. Je veux commencer par les petits », a-t-il expliqué.

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