Intenses frappes israéliennes sur Gaza, plus de 10 000 morts au total selon le Hamas
Selon le gouvernement du Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien, les frappes de la nuit ont tué plus de 200 personnes dans la bande de Gaza, pilonnée sans relâche en représailles à l'attaque sanglante lancée le 7 octobre contre Israël par le mouvement islamiste.
"Ce sont des massacres ! Ils ont détruit trois maisons sur les têtes de leurs habitants, des femmes et des enfants, on a déjà sorti 40 corps des décombres", a raconté à l'AFP Mahmoud Mechmech, 47 ans, qui vit dans le quartier d'al-Machaala à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
Dimanche soir, le ciel de Gaza n'a cessé de se zébrer d'éclairs et de champignons de feu jaunes et rouges. L'armée israélienne a annoncé mener des frappes "intensives" et prévenu qu'elles dureraient "plusieurs jours".
En parallèle à ses raids aériens qui ont transformé des quartiers entiers en champs de ruines, Israël mène depuis le 27 octobre des combats terrestres acharnés contre le Hamas, qu'il a juré "d'anéantir".
Les combats les plus intenses se déroulent dans le nord du territoire, où se trouve la ville de Gaza, désormais encerclée et qui abrite selon Israël le "centre" du Hamas.
Selon le général Daniel Hagari, un porte-parole de l'armée israélienne, les soldats ont coupé le territoire en deux: "Gaza sud et Gaza nord".
L'armée a lancé lundi matin un nouvel appel aux civils à quitter le nord de la bande de Gaza, affirmant que les soldats seraient ainsi "moins limités" dans leurs opérations.
"Nous serons alors en mesure de démanteler le Hamas, bastion après bastion, bataillon après bataillon, jusqu'à ce que nous atteignions l'objectif ultime, qui est de débarrasser la bande de Gaza - toute la bande de Gaza - du Hamas", a déclaré un porte-parole.
L'armée a annoncé lundi avoir "pris possession" d'un poste de commandement du Hamas dans la ville de Gaza. Des images ont montré des chars évoluant au milieu des ruines d'un immeuble.
"Cela doit s'arrêter"
Face à un bilan qui s'alourdit de jour en jour, les dirigeants des principales agences de l'ONU ont publié dimanche soir un rare communiqué commun pour exprimer leur indignation.
"Nous avons besoin d'un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Cela fait 30 jours. Trop c'est trop. Cela doit cesser maintenant", ont-ils écrit, appelant aussi le Hamas à libérer les plus de 240 otages emmenés dans la bande de Gaza le 7 octobre après son attaque sur le sol israélien qui a déclenché la guerre.
En Israël, plus de 1 400 personnes ont péri, majoritairement des civils tués le 7 octobre, lors de l'attaque du Hamas, d'une violence et d'une ampleur inédites depuis la création d'Israël en 1948. Les sirènes d'alerte aux roquettes tirées depuis Gaza ont retenti plusieurs fois dimanche à Tel-Aviv et dans des villes proches du territoire palestinien, et plusieurs roquettes ont été interceptées selon l'armée.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, dont le pays est opposé à un cessez-le-feu qui avantagerait selon lui le Hamas, a répété dimanche "l'engagement des Etats-Unis pour la livraison d'une aide humanitaire vitale" à Gaza, lors d'une visite impromptue à Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967.
Antony Blinken a aussi appelé à l'arrêt des "violences des extrémistes" contre les Palestiniens en Cisjordanie, où la communauté internationale craint une extension du conflit. Plus de 150 Palestiniens y ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon l'Autorité palestinienne.
Devant M. Blinken, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a, lui, dénoncé "la guerre de génocide" menée d'après lui par Israël à Gaza.
"Position défensive"
Selon Daniel Hagari, un autre porte-parole de l'armée israélienne, les troupes opérant dans Gaza l'ont coupé en deux: "Gaza sud et Gaza nord". Au moins 30 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'opération terrestre, d'après l'armée.
De 300 000 à 400 000 personnes se trouveraient encore dans le nord de Gaza. _"_La situation est très difficile. Il n'y a pas de pain, pas d'eau, rien, même pas d'eau salée. On a vu des cadavres (sur la route), les enfants avaient très peur", raconte Zakaria Akel qui fuit avec sa famille vers le sud.
En près d'un mois, les bombardements israéliens ont provoqué d'immenses destructions, et le déplacement de 1,5 million de personnes, selon l'ONU.
"On n'a rien pour fouiller et dégager les décombres donc les gens meurent et, nous, on ne peut que regarder", se lamente Saïd al-Najma, dans le camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de Gaza, où plus de 30 personnes ont été tuées dans un bombardement samedi soir, selon le Hamas.
"Je pleurais en voyant les enfants des autres mourir derrière mon appareil photo, aujourd'hui c'est moi qui ai perdu mes enfants", témoigne le photographe de presse Mohammed al-Aloul, qui y a perdu quatre enfants, quatre frères et plusieurs de ses neveux et nièces.