Violences obstétricales à l’accouchement : sur X, des témoignages montrent l’ampleur du problème

« Le chirurgien m’a traitée de menteuse et de chochotte pendant qu’il me faisait une césarienne » raconte une utilisatrice de Twitter
Layland Masuda / Getty Images « Le chirurgien m’a traitée de menteuse et de chochotte pendant qu’il me faisait une césarienne » raconte une utilisatrice de Twitter

ACCOUCHEMENT - Un post sur les réseaux sociaux qui fait parler. Le 9 décembre, une utilisatrice de X a posté une illustration de la dessinatrice Emma accompagnée de deux phrases : « Dites-moi une anecdote durant votre séjour à la maternité. Je commence : je me suis fait sévèrement engueuler car je me suis levée seule 3 h 00 après avoir accouché pour aller me doucher. »

La demande aurait pu mener à des histoires touchantes ou légères de parents au moment de la naissance de leur enfant. Pourtant, une autre chose ressort des réponses à cette requête : la prévalence des violences gynécologiques et obstétricales lors des accouchements. Remarques peu amènes, jugements sur les choix des patientes ou leur statut marital, infantilisation voire maltraitance… Toutes les réponses à ce tweet ne prêtent pas à sourire.

Des histoires effrayantes mais révélatrices

Parmi les choses qui reviennent le plus souvent, les remarques parfois acerbes de certains membres du personnel soignant, qui semblent avoir laissé des traces chez de nombreuses patientes. « Quand on m’a fait mon premier lever et je me suis évanouie, l’infirmière a dit à sa collègue “encore une comédienne” », raconte l’une. « Je me suis fait engueuler parce que j’ai demandé de l’aide pour le premier bain de bébé. Premier accouchement, premier bébé. Si j’avais mal fait les choses seule on m’aurait sûrement engueulée aussi », témoigne une autre.

Les récits « d’engueulades » pour différents motifs sont fréquents, et rappellent une forme d’infantilisation présente dans de nombreux témoignages. Elle s’accompagne parfois d’une remise en question des choix des parents, notamment sur la question de l’allaitement. Céline raconte ainsi qu’à la naissance de son premier enfant, alors que sa fille pleurait, elle a appelé « une sage-femme de garde [qui lui a dit] “ben votre bébé il a faim. Vous voulez l’allaiter mais vous n’avez pas de lait ! Ben voilà, votre bébé il meurt de faim. Mais c’est vous qui l’avez décidé”. »

Pour d’autres, les remarques ne concernent pas uniquement leur nouveau-né et la manière dont elles s’en occupent, mais aussi leurs choix de vie en général. « Je me suis fait engueuler parce que je n’étais pas mariée », « une infirmière m’a demandé quand arrivait le papa, je lui ai expliqué que j’étais toute seule, elle a longuement soupiré et a levé les yeux au ciel. Dans le couloir, je l’ai entendu dire à sa collègue “encore une irresponsable”. »

Plus grave encore, certaines réponses soulignent des faits de négligence, voire de maltraitance des patientes. « Le chirurgien […] m’a traitée de menteuse et de chochotte pendant qu’il me faisait une césarienne alors que l’anesthésie ne fonctionnait pas correctement. »

Des expériences individuelles qui racontent les violences obstétricales

Des témoignages effrayants, dont il faut toutefois préciser qu’ils ne concernent pas nécessairement tous des expériences récentes, les utilisateurs et utilisatrices d’X étant d’âges divers. Mais ces prises de paroles mettent en lumière un même problème : celui des violences gynécologiques et obstétricales, un phénomène dénoncé en France depuis plusieurs années, dans le sillage du mouvement #MeToo.

Selon le Haut Conseil à l’Égalité, qui a consacré un dossier à ce sujet en 2018, les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical sont « des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un.e ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant.e.s — de toutes spécialités — femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant.e.s. Ils peuvent prendre des formes très diverses, des plus anodines en apparence aux plus graves. »

La liste des atteintes, non exhaustive, comprend la non-prise en compte de la gêne et du caractère intime de la consultation, les propos porteurs de jugements, les injures sexistes, les actes exercés sans consentement, par exemple, les actes ou refus d’actes non justifiés, ou encore les agressions sexuelles et les viols.

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