Violences faites aux femmes: sa vidéo où elle interpelle Macron fait près de 2 millions de vues sur TikTok

Un appel à l'aide. Lundi 15 avril, une jeune femme utilisant le nom de Brocéliande a publié sur son compte TikTok une vidéo dans laquelle elle lit une lettre destinée à Emmanuel Macron. Elle y interpelle le président sur les violences faites aux femmes, assurant notamment que sa mère n'a pas bénéficié du renouvellement de la protection mise en place vis-à-vis de son ancien conjoint, qualifié de violent. La vidéo a fait près de 2 millions de vues.

"Il va la tuer"

"Cher président, il va la tuer, peut-être demain, dans six mois, dans un an. Il y en a qui attendent des années que ce soit le bon moment", clame-t-elle.

"Cher président, on a peur. Parce que face à un dossier de 37 pièces jointes, plaintes, témoignages et mains courantes, le juge a déclaré ce monsieur innocent car, je cite 'peut-être qu'elle ment'", accuse-t-elle.

Brocéliande précise que deux procès sont "en cours", dont l'un pour "renouveler" l'ordonnance de protection de sa mère "valable seulement six mois", ce qui a été refusé en février dernier. Elle inclut un extrait audio de sa mère, dénonçant elle aussi une décision "incompréhensible".

"Qu'est-ce que ça va donner en septembre pour le plus gros procès? Celui pour lequel on demande une condamnation pour tout ce qu'il a fait?", s'inquiète Brocéliande, après le rejet de l'ordonnance de protection. "Je n'aime pas être pessimiste, mais je ne vois pas comment on peut y croire quand on ne nous croit pas".

Un homme "violent" et "colérique"

La jeune femme affirme que sa mère est victime de menaces et de harcèlement de la part de son ancien compagnon, depuis qu'elle a décidé de le quitter.

"Voilà plus d'un an que cet homme harcèle ma mère. Il dégrade sa voiture, (..) la retrouve et la suit", dit-elle.

"Cet homme est violent, colérique, obsessionnel, alcoolique, possède de nombreuses armes à feu et un casier judiciaire", assure Brocéliande.

Un danger qui a des conséquences sur toute la famille. "Ma petite sœur fait des crises d'angoisse et des cauchemars où elle y voit toute sa famille se faire tuer", assure-t-elle.

"Je vois le compteur des féminicides augmenter"

"Vous allez me dire: 'appelez la police'. La police, mon cher président, j'en ai de belles à vous raconter", dit la jeune femme. "Quand ma mère appelle la police pour leur dire qu'il est garé en bas de la maison ou qu'il est en train de la suivre, on lui répond 'mais la rue est publique madame, il a le droit d'être là'", dénonce-t-elle ensuite.

"Cher président, j'ai peur. Parce que chaque jour je vois le compteur des féminicides augmenter et depuis plus d'un an maintenant je ne peux pas m'empêcher de penser que j'y verrai le nom de ma mère et de mes sœurs", soutient-elle.

"En lisant chaque enquête, c'est toujours la même chose: conjoint ou ex-conjoint violent, menaces de mort, de nombreuses plaintes déposées, la police alertée, mais elles n'ont pas été protégées et se sont fait tuer", déplore-t-elle.

Parler pour "toutes les femmes qui mènent ce combat"

La jeune femme assure avoir "longtemps hésité à (se) prononcer". "Je ne voulais pas exposer ma vie privée, mais j'ai compris qu'il ne s'agissait pas de moi, il s'agit de ma mère, de mes sœurs et de toutes les femmes qui mènent ce combat, seules et en silence", scande-t-elle.

La mère de Brocéliande, elle aussi découragée, emploie également des mots forts pour dénoncer l'urgence de la situation. "Je ne sais pas s'il faut amener en preuve ultime un corps, un cadavre de moi-même ou d'un de mes enfants pour que ce juge se rende compte de l'ampleur de ce que l'on vit et des conséquences et de l'ampleur de ses décisions", dit-elle.

Même sentiment d'abandon du côté de la jeune femme. "Cher président, je vous écris, mais je n'attends rien de vous. Vous n'écoutez pas les mortes alors vous n'entendrez pas les vivantes", juge-t-elle.

Depuis, la jeune femme dit au Huffington Post cependant avoir revu sa position. "Au début, je me suis dit que c’était une bouteille à la mer, quand je vois l’écho que (la vidéo) a eu, j’ai une pointe d’espoir", confie-t-elle.

94 féminicides en 2023, selon le ministère

Emmanuel Macron a dénoncé mercredi "l’horreur des féminicides", mettant en avant le lancement du Grenelle des violences conjugales qui "a permis de mettre tout le monde autour de la table et de produire des résultats majeurs sur lesquels nous travaillons aujourd'hui encore".

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Selon le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, il y a eu 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022.

Article original publié sur BFMTV.com