Violée et harcelée, elle entame une grève de la faim pour se faire entendre par la justice

A 44 ans, Karine de Smet demande une action de la justice pour la protéger d'un homme qu'elle accuse de viols et harcèlement moral.  - Karine de Smet
A 44 ans, Karine de Smet demande une action de la justice pour la protéger d'un homme qu'elle accuse de viols et harcèlement moral. - Karine de Smet

En l’espace de deux semaines, Karine de Smet a perdu près de 15 kilos. Le 22 août dernier, elle a cessé de s’alimenter dans une ultime tentative d’attirer l’attention de la justice. Car depuis le mois de décembre 2021, cette femme de 44 ans réclame - en vain dit-elle - une injonction d’éloignement à l’encontre de son voisin qu’elle accuse de viols et de harcèlement moral.

L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, habite à une dizaine de mètres de la maison de Karine de Smet, à Beslé-sur-Vilaine, en Loire-Atlantique. Ils sympathisent en 2020 et entretiennent une relation amicale, de bon voisinage. Le soir du 23 novembre 2020, Karine de Smet l’accompagne volontiers dans une usine située à quelques kilomètres de leur village pour l’aider à transporter du matériel qu’il vient d’acheter. Mais sur le chemin du retour, le voisin, d’habitude souriant, se crispe.

"Il s’est renfermé d’un coup, les mains serrées sur le volant, il ne parlait plus", se souvient douloureusement cette mère de quatre enfants.

"Si tu parles, je te jette au fond du puits"

Le quinquagénaire la conduit, contre son gré assure-t-elle, dans un corps de ferme qu’il possède.

"Il me tire de la camionnette par le poignet. J’étais terrorisée, alors je l’ai suivi. Avant d’entrer dans la maison, on est passé devant un puits, il m’a dit: 'Si tu parles, je te jette au fond'."

Dans une pièce mal entretenue où plusieurs matelas sont superposés, Karine de Smet est violée, raconte-t-elle, avant d’être raccompagnée chez elle par l’homme qu’elle met en cause. "Anéantie, brisée", elle ne parvient pas à verbaliser son agression à son époux. "J’avais peur qu’il me tue si je parle." Tétanisée par les menaces de son voisin, elle se plie à ses ordres :

"Il m’obligeait à l’inviter à manger chez moi, alors que mon mari et mes enfants étaient là. Il m’a aussi forcée à commettre avec lui des vols de câbles électriques en cuivre qu’il revendait ensuite pour se faire un peu d’argent", confie Karine de Smet, précisant que l'homme continue dans le même temps d'abuser d’elle sexuellement.

"L'impression d'être dans un film d'horreur"

Se sentant comme prisonnière, la Bésléenne décide, après "plusieurs mois d’enfer", de piéger son agresseur en enregistrant une conversation au cours de laquelle il reconnaît l’avoir contrainte à des relations sexuelles.

"-Si j’ai été jusqu’à l’acte sexuel…, commence-t-il, - Que je ne voulais pas, le coupe-t-elle, -Oui je sais, c’est de ma faute, j’espère que tu pourras me pardonner, admet-il", d’après l’enregistrement audio auquel BFMTV.com a eu accès.

Forte de ce qu’elle considère comme des aveux, Karine de Smet transmet les preuves à la gendarmerie et dépose plainte pour viol le 12 octobre 2021. Un mois et demi plus tard, le mis en cause est placé en garde-à-vue mais il en ressort libre. L’affaire prend alors une autre dimension: "Il a voulu me faire payer de l’avoir dénoncé", juge la quadragénaire qui multiplie les demandes d’injonction d’éloignement, dépose plainte pour harcèlement moral puis pour tentative d'enlèvement, un projet qu'elle estime commandité par son voisin:

"Alors que je promenais mon chien, un véhicule est arrivé dans mon dos. Il s'est arrêté à mon niveau. Le conducteur est descendu et il a voulu m'attraper mais il n'a pas réussi car je me suis mise à courir", selon le procès-verbal que nous avons pu consulter.

Un ami de Karine de Smet nous confie avoir été témoin de cet acharnement.

"C’est des coups de klaxon répétés sous ses fenêtres à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, les pneus de sa voiture crevés… J’ai vu Karine vivre cette affaire de plus en plus mal, livre-t-il inquiet. Je lui ai même suggéré de déménager tellement la situation semblait violente pour elle."

"J’ai l’impression d’être dans un film d’horreur, on ne peut pas laisser les gens se faire harceler comme ça", souffle Karine de Smet, affaiblie par sa grève de la faim.

Fugue et grève de la faim

Le 29 août dernier, elle étend une banderole devant le tribunal judiciaire de Saint-Nazaire pour réclamer, une fois encore, une protection de la justice. Malgré la promesse du parquet d’un retour rapide, cette mère désespérée demeure sans réponse. La procureure de la République n’a pas répondu non plus aux sollicitations de BFMTV.com.

"Ça fait dix jours que je suis partie de chez moi pour que mes enfants et mon mari ne subissent plus le harcèlement dont je suis victime." Depuis, Karine de Smet vit dans sa voiture en attendant un signe de la justice. "Je ne demande pas qu’il soit jugé le mois prochain pour viol, je sais que cela prendra du temps. Je veux simplement qu’il ait interdiction de nous approcher pour que ma famille soit protégée et que je puisse enfin commencer à me reconstruire", conclut-elle.

Article original publié sur BFMTV.com