La vie d’agent double de Jan Marsalek, entrepreneur déchu au service de Moscou

La une du Spiegel ressemble un peu aux tableaux employés par nombre de détectives de séries policières pour mettre leurs idées au clair. Des images de faux documents d’identité russes, d’un homme en armes, d’un avis de recherche et d’une jeune femme blonde s’y superposent.

Au premier plan est affichée la photo d’un individu barbu au visage grave. La quarantaine, Jan Marsalek est connu en Allemagne pour son implication dans l’un des plus gros scandales financiers du pays. “Démasqué”, titre l’hebdomadaire de Hambourg en grosses lettres rouges, au-dessus du portrait de cette figure majeure de l’affaire Wirecard.

Car l’homme n’est plus seulement accusé d’avoir participé à une fraude d’environ 1,9 milliard d’euros au sein de la société de paiement en ligne. L’ancien directeur des opérations de l’entreprise allemande, désormais en fuite, aurait aussi mené une “double vie” à partir de 2014, en devenant un “espion à la solde de Moscou chez Wirecard”.

“Jusqu’à présent, l’histoire de Marsalek ressemblait à un roman policier dont l’intrigue se déroulerait dans le monde de la finance”, rappelle Der Spiegel, dans une longue enquête menée conjointement avec la chaîne allemande ZDF, le journal viennois Der Standard et le site indépendant russe The Insider. Mais les nombreux documents rassemblés par le titre de Hambourg montrent que la vie de l’Autrichien a pris un nouveau tour : “Le polar a cédé la place au roman d’espionnage.”

Métamorphosé en prêtre orthodoxe

D’abord recruté par les services de renseignements de l’armée russe (GRU) par l’intermédiaire de son amante russe, Natalia Zlobina, avant de travailler pour les services de sécurité fédéraux russes (FSB), Jan Marsalek aurait profité de sa position privilégiée au sein d’une grande entreprise allemande pour fournir des informations aux services russes.

Il aurait notamment reçu de l’aide de la part d’un collaborateur et ancien membre des services de contre-espionnage autrichiens, Martin Weiss. Grâce à un contrat passé entre Wirecard et la police fédérale allemande, il aurait même eu accès à un rapport confidentiel concernant l’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille, Ioulia, en 2018.

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