Vertiges, perte de connaissance... Les signes qui doivent alerter sur une possible soumission chimique

L'affaire Joël Guerriau, sénateur soupçonné d'avoir drogué à son insu la députée Sandrine Josso, a remis un coup de projecteur sur la soumission chimique. Ce terme désigne "l’administration à autrui à des fins criminelles ou délictuelles d’un ou plusieurs produits psychoactifs à l’insu de la victime ou sous la menace", selon le centre d'addictovigilance de Paris. Cela peut prendre la forme d'une drogue placée dans un verre, dans un aliment ou encore d'un médicament remplacé par un autre.

Une enquête de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), établissement dépendant du ministère de la Santé, chiffre à 436 les "signalements suspects" pour une soumission chimique possible ou vraisemblable en 2021. La réalité est probablement bien plus massive, car les victimes signalent peu ces faits souvent commis par des personnes qu'elles connaissent, voire ne s'en rappellent pas entièrement.

La peine encourue pour le fait d'administrer à une personne, à son insu, une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre à son égard un viol ou une agression sexuelle est de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende.

Des symptômes différents selon les substances

Les signes immédiats d'une soumission chimique dépendent notamment de la substance qui a été administrée. Pour le GHB par exemple, les effets les plus courants sont un ralentissement de la respiration, une sensation de chaleur et d’ivresse comparable à celle de l’alcool, une somnolence pouvant aller jusqu’à la perte de conscience et des mouvements plus saccadés et une perte de coordination, selon le Centre régional d'information pour la santé des jeunes d'Île-de-France (Crips). Le Crips cite aussi les nausées et les vomissements et la diminution de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque.

La MDMA, elle, entraîne des bouffées de chaleur et une forte transpiration, une augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle accompagnée de palpitations, et parfois des vertiges et une bouche sèche, entre autres, selon Drogues info service.

Les benzodiazépines, souvent utilisés, selon l'ANSM, dans les cas de soumission chimique, peuvent eux entraîner une somnolence, une confusion, des pertes de mémoire, des étourdissements ou encore des troubles de l’équilibre, selon le site du ministère de la Santé.

S'alarmer dès que l'on constate des comportements inhabituels

"C'est important de comprendre qu'il n'y a pas de signes spécifiques, seulement évocateurs" d'une soumission chimique, comme un trouble de la mémoire, total ou partiel ou un trouble du comportement, explique à BFMTV.com Leila Chaouachi, experte nationale sur l'enquête soumission chimique auprès de l'ANSM.

Globalement, la pharmacienne au centre d'addictovigilance de Paris estime que l'on peut s'alarmer lorsqu'on rencontre des symptômes ou des comportements "que l'on n'a pas du tout habituellement".

Elle souligne aussi que la définition de la soumission chimique est corrélée à l'intention de commettre une infraction. Elle peut donc prendre des formes différentes: "se réveiller nu, dans la rue, avec un black-out", "avoir un comportement différent de d'habitude et le lendemain se rendre compte que notre compte bancaire a été débité plusieurs fois"...

Priorité: "s'extraire de la zone de danger"

En cas de soupçon de soumission chimique, Leila Chaouachi recommande d'abord de "s'extraire de la zone de danger et demander de l'aide". "S'il y a un risque pour la santé, on doit gérer l'urgence sanitaire" et aller à l'hôpital, explique la pharmacienne.

Dans le cas où l'on se réveille le lendemain des faits, "sans symptômes et en suspectant une agression, il faut d'abord aller à la police", qui redirigera ensuite la victime vers une unité médico-judiciaire afin d'effectuer des analyses et des prélèvements, affirme Leila Chaouachi.

Un suivi important pour les violences sexuelles

À noter que des analyses toxicologiques poussées ne peuvent être effectuées à l'hôpital que sur réquisition judiciaire. "Des laboratoires acceptent de le faire mais cela coûte très cher et ce n'est pas pris en charge", ajoute la spécialiste.

"Mais que la victime ait décidé de déposer plainte ou pas, quand on suspecte une agression sexuelle, c'est très important dans les 48 heures d'aller prendre un contraceptif d'urgence et d'aller vers un centre de dépistage pour faire un suivi" face à de possibles infections sexuellement transmissibles, martèle Leila Chaouachi.

Article original publié sur BFMTV.com