"Il m'a dit reste, on va faire la fête": le récit de Sandrine Josso qui accuse Joël Guerriau de l'avoir droguée

"Je vais continuer à en parler". La députée Sandrine Josso veut sensibiliser à la thématique de la soumission chimique, quelques jours après la mise en examen du sénateur Joël Guerriau, soupçonné de l'avoir droguée à son insu. Elle est revenue sur ces faits le mardi 21 novembre sur le plateau de BFMTV.

Le mardi 14 novembre, la députée MoDem a prévu de voir Joël Guerriau, avec qui elle entretient des rapports amicaux depuis 10 ans, afin de fêter sa réélection lors des sénatoriales de septembre. Il lui propose de la voir chez lui, à Paris, car il y aura "moins de monde, moins de bruit" que dans un restaurant, explique-t-elle sur notre antenne.

"J'étais dans son salon, il a préparé les coupes de champagne dans la cuisine", décrit-elle. Premier signe d'alerte pour l'élue: "le champagne n'avait pas le même goût que d'habitude", il était "plus sucré".

Un comportement qui lui semble "décalé"

La députée de Loire-Atlantique trouve ensuite son comportement étrange: "il se levait, il allait tourner son variateur, il mettait la lumière très forte, ensuite il la baissait tout à coup", une manière d'"activer les effets de drogue", lui ont ensuite expliqué des médecins.

"Ce qui me paraissait bizarre, c'était son envie de trinquer plusieurs fois, pour que je boive une gorgée, puis une autre gorgée", raconte-t-elle ce mardi, "il me disait, 'mais tu bois rien?'"

"Il avait plein de comportements qui me semblaient complètement décalés par rapport à la situation. Et surtout, ce qui m'interpellait, c'était son insistance à me faire boire, son insistance à varier la lumière et ses mots, il me disait: 'reste, on va faire la fête'", poursuit Sandrine Josso.

Un sachet d'ecstasy dans sa cuisine

Un autre détail l'interroge: "Quand j'étais dans le salon, je l'ai regardé dans la cuisine, et là, je le vois tenir dans ses mains un sachet, un petit sachet blanc, qu'il met dans le tiroir sous le plan de travail".

Une observation qui aura son importance lors de l'enquête, puisqu'un tel sachet en plastique contenant de la poudre a effectivement été retrouvé dans le tiroir désigné par Sandrine Josso lors d'une perquisition chez le sénateur, selon nos informations. Les analyses ont montré qu'il s'agissait d'ecstasy, la même drogue dont des traces ont été retrouvées dans l'organisme de Sandrine Josso. De son côté, le sénateur plaide l'accident et l'erreur de manipulation.

Lors de cette soirée, Sandrine Josso commence à avoir des nausées et le cœur qui s'emballe. "Là je me suis dit, 'mais Sandrine sors, sauve-toi, il t'a droguée'", déclare-t-elle sur BFMTV ce mardi.

Un "guet-apens"

"Je tremble, je suis en sueur, je comprends le guet-apens dans lequel je suis tombée et je me dis, 'il faut surtout pas que je lui montre un signe de faiblesse'", se souvient-elle. L'élue commande alors un taxi et quitte l'appartement, prétextant devoir retourner travailler, mais Joël Guerriau la suit jusqu'à la voiture, des "minutes épouvantables", décrit-elle.

"Au moment où j'arrive à l'Assemblée nationale, je dis au chauffeur de taxi: 'je ne vais pas pouvoir sortir tout de suite, est-ce que vous voulez bien attendre que mon collègue vienne me chercher?'", raconte la députée.

"Le chauffeur de taxi a été formidable, je le remercie, il m'a dit: 'ça arrive régulièrement Madame'", ajoute-t-elle.

En "état de choc"

Sandrine Josso est ensuite rejointe par des collègues qui appellent le Samu, qui l'emmène à l'hôpital où elle fera des analyses. Elle ira ensuite porter plainte. Une semaine après les faits, la députée se dit toujours en "état de choc". "Je suis tout le temps sur le qui-vive", affirme celle qui encourage les victimes de soumission chimique à parler.

Vendredi, Joël Guerriau a été mis en examen pour "usage et détention de stupéfiants" et "administration à une personne, à son insu, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes pour commettre un viol ou une agression sexuelle". Il a été suspendu samedi par son parti Horizons et son groupe parlementaire, Les Indépendants.

Article original publié sur BFMTV.com