"Vengeance" et engrenage entre bandes: quatre personnes jugées pour la violente agression de Yuriy en 2021

La violence de la scène était insoutenable. Une dizaine de jeunes, capuche relevée sur la tête, s'acharnant sur une masse sombre à coup de poing, de pied, à coup de barre de fer, de marteau. Ces images sont celles de l'agression sur la dalle de Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement de Paris, de Yuriy, un jeune garçon qui s'apprêtait à fêter ses 15 ans en janvier 2021, à l'époque des faits. Après ce passage à tabac, la victime avait été hospitalisée dans un état grave, avant de subir plusieurs opérations chirurgicales.

Deux ans plus tard, quatre personnes sont jugées à partir de ce mardi pour "tentative de meurtre" pour l'un, "complicité de tentative de meurtre" pour deux autres et "association de malfaiteurs" pour le quatrième, par le tribunal pour enfants. L'audience se tiendra à huis clos, car les accusés étaient âgés de 14 et 15 ans au moment des faits. Comme leur victime.

"Vengeance"

La vidéo de son agression, qui a duré une vingtaine de secondes, et qui a pris fin grâce aux protestations d'un homme à sa fenêtre, était devenue virale et avait suscité le vif émoi de célébrités comme l'acteur Omar Sy et le footballeur Antoine Griezmann, jusqu'au plus haut sommet de l'Etat.

L'instruction a donné une toute autre couleur à cette affaire, estimant que ce passage à tabac s'inscrivait dans "un acte de vengeance". Avant ce 15 janvier 2021 tragique pour Yuriy, cinq jours plus tôt, le demi-frère et cousin de deux mis en cause dans l'agression de Beaugrenelle avait lui aussi été roué de coups.

Au coeur de ces agressions, une rivalité entre la "RD4", la bande de Beaugrenelle, et les "Bambes", celle venue du quartier du plateau de Vanves, ville des Hauts-de-Seine limitrophe à Paris. Yuriy s'est toujours défendu d'appartenir à une bande. "Je dirais que je ne fais pas partie d'une bande mais d'un groupe d'amis. On était juste un groupe d'amis qui se retrouvait sur cette dalle. On jouait au foot parfois. Donc non ce n'est pas une histoire de bandes", expliquait le jeune Yuriy en mars 2021, deux mois après son agression.

Pourtant, le soir de son agression, il était porteur d'un tournevis dans la poche, pour se prémunir de "représailles", expliquera-t-il. Surtout, il a reconnu être présent lors de l'agression du membres des "Bambes" mais nie toute violence. Il a été interrogé par des enquêteurs dans ce dossier.

Il "n'a jamais été mis en cause", souligne auprès de l'AFP son avocat, Me Francis Szpiner.

Aujourd'hui, la victime va mieux physiquement, mais son état psychologique reste "compliqué" selon son entourage, cité par Le Parisien. Il veut "essayer de comprendre comment un tel déchaînement de violences, un tel acharnement, a pu se produire. Il n'y a pas de haine, pas de vengeance", assure Me Szpiner.

Une "descente" organisée sur les réseaux sociaux

D'après les éléments de l'enquête, la "descente" sur la dalle de Beaugrenelle le 15 janvier 2021 s'était organisée sur les réseaux sociaux. Avant et après le passage à tabac de Yuriy, certains membres de la bande avaient fait des selfies, exhibant des armes ou écrivant pour l'un d'eux comme commentaires "le taf est fini", "je lèche son sang" en montrant le téléphone de la victime taché de rouge.

Les mis en cause qui ont fini par reconnaître avoir asséné des coups se sont toujours défendus d'avoir eu la volonté de tuer Yuriy. "L'instruction a démontré que mon client n'était pas sur la dalle lors de l'agression", déclare à l'AFP l'avocat de ce dernier, Me Julien Fresnault. "Il a suivi le groupe mais n'a participé à aucune violence. Très jeune à l'époque des faits, il s'est depuis tenu à l'écart de tous problèmes", ajoute-t-il.

Le jeune prévenu jugé pour complicité de tentative de meurtre a "eu le seul tort d'être présent sur les lieux. Cela ne suffit pas à prouver une quelconque culpabilité", affirme son conseil, Me Dylan Slama.

Au total, 13 personnes ont été renvoyées devant un tribunal. Les neuf autres seront jugés devant la cour d'assises des mineurs en décembre prochain.

Article original publié sur BFMTV.com