Que vaut « Rouge karma », le nouveau Jean-Christophe Grangé ?

L'auteur des
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Très vite, les premiers effets se font ressentir. Totalement absorbé, vous sentez votre pouls s'accélérer, vous retenez votre souffle tandis que votre imagination s'enflamme… Vous êtes, non pas sous LSD en pleine hallucination psychédélique, mais en train de lire un Grangé.

Jean-Christophe Grangé semble décidé à camper désormais ses thrillers dans le passé, depuis l'excellence, en 2021, des Promises (Le Livre de poche). Nous ne sommes plus dans le Berlin des années 1930 mais à Paris, en 1968. Et s'il fallait trouver un point commun entre ce nouveau thriller et le précédent, ce serait l'égal talent que déploie l'écrivain à rendre le bain idéologique des époques choisies.

C'étaient les partisans de l'ascension du Führer, le monde du rêve et de la nuit dans Les Promises, c'est, dans Rouge karma, toute la psyché de la jeunesse de 1968. Nous sommes en effet du côté des agités du pavé, des mordus des AG, en compagnie d'un narrateur omniscient si à l'aise dans son art, si en osmose avec son sujet, qu'il en devient même taquin avec ses créatures : « Le professeur Tripeth (déjà le nom) ressemblait à une caricature. »

Carnage

L'histoire peut alors filer à vive allure. La contestation gronde de toute part, rebattue par les slogans « il est interdit d'interdire », « sous les pavés, la plage », « jouis sans entrave », « soyez réaliste demandez l'impossible » et l'apparition médiatique du jeune Daniel Cohn-Bendit sert de marqueur de temps. La jeunesse à cheveux veut tout ex [...] Lire la suite