Pour Vanessa Springora, le film « Le consentement » apporte « quelque chose que les mots ne peuvent pas atteindre »

Vanessa Springora au micro de France Inter, 11 octobre 2023.
France Inter Vanessa Springora au micro de France Inter, 11 octobre 2023.

CINÉMA - « Artistiquement, le film apporte quelque chose que les mots peut-être ne peuvent pas atteindre de la même manière, il y a cette frontalité de l’image. » « Le consentement », le film issu du livre de Vanessa Springora, sort en salles ce mercredi 11 octobre. L’autrice du best-seller, qui décrit l’emprise d’un écrivain quinquagénaire sur une mineure, s’est réjouit de cette adaptation au cinéma, qui apporte selon elle une autre dimension au message qu’elle porte.

Le film peut choquer, avec ses scènes d’intimité montrées frontalement pour retracer la relation nouée dans les années 1980 par le romancier Gabriel Matzneff avec une lycéenne d’à peine 14 ans, Vanessa Springora, la fille de l’une de ses amies. Pour l’autrice, représentée à l’écran, c’est une bonne chose.

« Dans la prise de conscience des violences sexuelles faites aux mineurs - puisque cette histoire est emblématique de celle de beaucoup de jeunes filles, comme il en existe des miliers, ce n’est pas seulement mon histoire - c’est très important de montrer ce choc que, peut-être par pudeur, je n’ai pas creusé autant que j’aurais aimé le faire, mais je n’en ai pas été capable. Et je trouve qu’au cinéma, on peut atteindre cette violence-là », estime-t-elle au micro de France Inter.

Avec Jean-Paul Rouve dans le rôle de Gabriel Matzneff et Kim Higelin dans le rôle de l’adolescente, le film réalisé par Vanessa Filho est donc une adaptation de l’ouvrage du même nom vendu à plus de 300.000 exemplaires depuis fin 2019, également monté au théâtre avec Ludivine Sagnier.

Ne pas éluder les scènes d’intimité

Pour marquer les esprits, la cinéaste a choisi de ne pas éluder les scènes d’intimité entre le quinquagénaire et la lycéenne, jouée par une Kim Higelin alors âgée de 20 ans, trente de moins que Rouve.

La réalisatrice a refusé de faire appel à un coordinateur d’intimité, ce métier destiné à s’assurer du respect du bien-être des acteurs : « je savais que je ne mettrais jamais les comédiens en danger parce que j’avais moi-même écrit et découpé ces scènes-là », justifie-t-elle auprès de l’AFP.

Kim Higelin « était d’une maturité exceptionnelle, ce qui me permettait d’avoir un dialogue approfondi avec elle » sur le sens de ces séquences, précise Vanessa Filho. « Même dans les scènes qui peuvent être les plus impressionnantes pour les spectateurs, on n’imagine pas à quel point ça a été beau, bienveillant et léger », précise l’actrice.

Le film veut dénoncer aussi la mansuétude voire la protection dont a pu bénéficier l’écrivain, qui revendiquait pourtant sa pédophilie dans ses textes, dans le milieu intellectuel parisien.

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