Dans la Vallée de la Mort, une affluence de touristes en quête de chaleur extrême

Alors que le sud des États-Unis subit une canicule historique, des "chasseurs de températures extrêmes" se ruent dans le parc national de la Vallée de la Mort, en Californie.

Au milieu de chaînes de montagnes escarpées, à la frontière entre la Californie et le Nevada, un bassin désertique fait de roches et de sable attire chaque année plus d'un million de visiteurs du monde entier. Connu sous le nom de Vallée de la Mort, le parc national est ces derniers temps témoin d'une affluence de touristes d'un nouveau genre: les "heat seekers" soit les "chasseurs de température extrême".

Leur objectif? Se rendre dans ce lieu aride, décrété comme le plus chaud sur Terre, au beau milieu de l'été, pour espérer voir s'afficher un record de température sur un thermomètre géant, non-officiel, exposé en plein soleil au milieu de la Vallée. Et surtout, se prendre en selfie avec.

Pour le moment, la plus haute température officiellement enregistrée à cet endroit date de 1913 et est de 134° Fahrenheit (56,6°C). Mais cette mesure - contestée par certains experts pour qui le record a été battu en juillet 2021 avec 54,4°C - pourrait bien être dépassée cet été alors qu'une canicule historique frappe le sud des Etats-Unis depuis deux semaines.

"Voir la Terre battre un record, c'est un spectacle à voir"

Certains touristes, émerveillés, sont d'ailleurs persuadés d'avoir assisté à "la journée la plus chaude de l'histoire de l'humanité", le 8 juillet dernier, avec le fameux thermomètre non-officiel affichant 57°C selon le Washington Post. Un record non-officiel car un autre capteur du service météorologique n'affichait "que" 53,8°C.

"Dès qu’il y a du buzz autour d’un éventuel record de températures, on voit l’affluence grimper dans le parc", observe Giovanna Bonce, une porte-parole des rangers, les gardiens du parc.

"Une personne peut battre un record à tout moment", justifie Billyjack Jory, étudiant en géologie à l'université de Californie. "Mais voir la Terre battre un record, c'est un spectacle à voir". Quand une enseignante à la retraite de Cleveland (nord-est du pays) déclare qu'elle "n'arrive pas à y croire", que "c'est merveilleux".

Les touristes défient le soleil plomb - qui donne l'impression de "traverser la peau et de pénétrer les os" d'après un garde forestier interrogé par ABC - pour se prendre en photo auprès du thermomètre. Ils ne restent que quelques minutes sous la chaleur suffocante avant de s'abriter à l'intérieur de l'office de tourisme.

"Si vous passez plus de 15 minutes à l'extérieur, vous pouvez le sentir", explique Patrick Taylor, responsable de l'interprétation et de l'éducation pour le parc national de la vallée de la Mort au Washington Post. "Votre rythme cardiaque s'accélère considérablement. Parfois, il fait tellement chaud qu'on ne se sent pas transpirer".

Sur place, un homme distribue des sacs de glace pour éviter que les téléphones portables ne s'éteignent à cause de la chaleur, et in fine pour assurer aux touristes la prise de leur selfie.

Deux morts dans la Vallée au mois de juillet

Deux personnes sont mortes au cours de ce mois de juillet dans la Vallée. Un homme de 71 ans qui s'est effondré après une randonnée sous plus de 49°C, et est décédé peu après, ainsi qu'un sexagénaire retrouvé mort dans sa voiture.

Contrairement à ce que les multiples selfies, tout sourire, laissent penser, il y aurait derrière ce comportement, "une peur du réchauffement climatique", explique à Ouest-France la psychosociologue Gabrielle Rolland . Les touristes voudraient montrer qu’ils "arrivent à dompter la canicule et leur peur" et qu'ils "assument l’événement", qu'ils sont "témoins" et "en avance" sur leur temps.

Article original publié sur BFMTV.com

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