Vacances de Noël et parents séparés ou divorcés, le partage des congés est plus compliqué cette année

La rentrée scolaire après les vacances de Noël ayant lieu le 3 janvier, la répartition des vacances est source de conflit pour certains parents séparés.
Maskot / Getty Images/Maskot La rentrée scolaire après les vacances de Noël ayant lieu le 3 janvier, la répartition des vacances est source de conflit pour certains parents séparés.

PARENTS - «  Si cette rentrée avait eu lieu le 2 janvier, j’aurais pu passer Noël avec ma fille.  » Leslie, 38 ans, accompagnante d’élèves en situation de handicap en école maternelle à Tulle (Corrèze), est la mère d’une fille de 8 ans et demi. Elle est séparée de son père depuis 2017, qui en a la garde. Et les vacances sont l’un des «  nombreux sujets de conflit  » entre les parents.

En particulier cette année : car en plus des grèves SNCF qui ont fait monter d’un cran le degré de logistique, le 25 décembre tombe un dimanche, l’Éducation nationale ayant décidé de décaler la rentrée suivant les vacances de Noël au mardi 3 janvier. Conséquence : au lieu d’avoir 16 jours de vacances, les enfants en ont 17, un chiffre impair de jours à diviser entre les deux parents.

Un site Internet, milieu.vacances.free.fr, permet de calculer le moment de la transition entre les parents à l’heure près, pour une répartition équitable. «  D’après le site, la moitié des vacances tombe le 25 décembre à 12 heures 45, explique Leslie, qui doit avoir sa fille durant la seconde moitié des vacances. En calculant grosso modo, je pensais donc récupérer ma fille pour le 25. Donc la veille au soir.  » Seul souci : son ex ne voyait pas les choses de cet œil-là. «  Je dois compter cinq heures de voiture, ce qui me fait une journée de dix heures de route pour aller la chercher, poursuit-elle. J’ai donc abandonné l’idée de passer Noël avec elle et j’irai la récupérer le 26. Ma fille était en larmes quand je lui ai annoncé. »

La demi-journée en trop

Habituellement, les vacances de Noël vont du vendredi soir au lundi matin. Soit 16 jours, divisés en deux périodes de huit jours, avec un switche qui se fait en général dans la nuit du samedi au dimanche de la première semaine. Mais cette demi-journée de plus est venue exacerber les tensions déjà existantes de certains ex-couples en conflit.

«  La problématique des vacances chez les couples séparés avec enfants, c’est archi-récurrent, confirme auprès du HuffPost l’avocate Marion Ménage, spécialisée notamment en droit de la famille. Avec des gens qui s’entendent bien, c’est du bon sens. Mais quand les situations sont très tendues, tout est prétexte à chicanerie. Quand en plus c’est la journée de Noël, c’est l’apothéose.  »

L’avocate ne compte plus les appels de parents séparés désemparés devant cet imprévu, qui «  n’arrive qu’une année sur sept  ». Pourtant, elle avait prévenu ses clients en amont pour les inciter à anticiper. «  Je leur conseille de trouver un arrangement et de penser à leurs enfants d’abord, souligne-t-elle. Car 12 h 45, c’est un peu merdique : c’est en plein l’heure du déjeuner, pour les enfants qui ouvrent leurs cadeaux le 25 au matin, il faut qu’ils remballent et qu’ils partent juste après, et pour peu qu’il y ait de la route… »

« Le sentiment amer d’avoir cédé »

C’est le cas d’Alexandra, chocolatière de 42 ans en Franche-Comté et belle-mère d’un adolescent de 15 ans dont la mère vit en région parisienne. Son mari et l’ex-compagne de celui-ci sont en «  conflit permanent  » et la garde des vacances est «  négociée continuellement à l’heure près  ». Pour récupérer son fils le 25 décembre, son mari aurait dû parcourir 800 km le jour de Noël, un arrangement qu’Alexandra estime « délirant ». L’adolescent ne retrouvera donc son père que le 26.

En général, les conflits de ce type se résolvent parce que l’un des parents finit par lâcher du leste, comme le raconte l’avocate, « avec le sentiment amer d’avoir cédé ». Aux parents qui tiennent à une répartition équitable à l’heure près, elle conseille de consulter le fameux site milieu.vacances.free.fr. Tout en soulignant qu’habituellement, avec la répartition de huit jours chacun, le switche devrait se faire dans la nuit du samedi au dimanche vers 2 heures du matin. Ce qui n’est jamais le cas. En fonction des situations, les enfants sont ramenés le samedi soir ou le dimanche matin.

« En étant légaliste jusqu’au bout des ongles, un enfant ramené le 25 au soir, ça pourrait presque justifier un dépôt de plainte pour non-présentation d’enfant, évoque-t-elle pour aller au bout du raisonnement. Mais enfin, pour trois heures, il n’y aura pas de poursuites. Il faut être raisonnable. » Ce qui prévaut toujours, c’est le « meilleur accord entre les parents », à condition d’y parvenir.

« La logique nous échappe »

Elle ajoute qu’heureusement, ce type de conflit ne touche pas tous les couples séparés. «  Mon spectre est déformé, puisque ceux qui appellent l’avocat, ce sont ceux qui n’arrivent pas à s’arranger entre eux, rappelle-t-elle. Donc soit des gens qui sont en cours de procédure, dont le divorce n’est pas encore prononcé, soit des gens dont le divorce a été prononcé récemment. Tout est encore à vif.  »

Pour Anna*, mère séparée et politologue en région parisienne, le sujet n’est pas la demi-journée supplémentaire mais plus globalement «  l’Éducation nationale, qui fonctionne en vase clos, sans se soucier de la réalité des gens  ».

Elle s’agace de ces jours sans école, qui sont plus nombreux chaque année. «  Ces dernières années, les grandes vacances peuvent commencer un mardi, un jeudi… Cela pénalise beaucoup de parents et pour les enseignants, ce sont des journées de congés en moins. » La rentrée du mardi 3 janvier repoussera de fait d’un jour les vacances d’été. Les élèves ne seront libérés que le 7 juillet 2023, pour parvenir aux 36 semaines prévues.

«  Je suis mère depuis bientôt 17 ans et je me demande presque chaque année comment sont prises les décisions concernant le calendrier éducatif, s’interroge également Alexandra. On s’y plie mais la logique nous échappe souvent. »

*Le prénom a été modifié.

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