Vacances d’été : le débat sur la durée de la coupure scolaire relancé

Moins de vacances d’été pour les écoliers ? L’ex-Premier ministre Édouard Philippe a avancé l’idée ces derniers jours, afin de réduire les inégalités scolaires.

Révolutionner les vacances scolaires d’été ? L’idée n’a rien de… révolutionnaire ! Elle figurait déjà dans un rapport parlementaire conduit par Luc Chatel en 2010, alors ministre de l’Éducation. Son successeur, Vincent Peillon, s’était lui aussi prononcé en faveur d’une réduction à six semaines, réparties en deux zones. Puis elle était devenue une promesse de campagne de Yannick Jadot, candidat écologiste en 2022.

Vendredi 9 juin, ce fut au tour de l’ancien Premier Ministre, Édouard Philippe, de sonner une nouvelle fois les cloches du débat lors d’une réunion publique à Bordeaux. « Si nous disons que le système éducatif a pour but essentiel l’éducation des enfants et pas forcément, ni le confort des professeurs, ni le confort des parents, alors, nous devrons accepter l’idée de nous poser des questions qui fâchent mais qui sont au cœur des problèmes », a-t-il défendu. Dans le viseur : « une réorganisation des rythmes sur l’année », avec comme principal levier la coupure estivale, qui accroît les inégalités.

Vacances d’été après le CP = hausse des inégalités à la rentrée de CE1 !

Au regard des faits, reposer la question du temps scolaire est plutôt sensé. Une étude de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), publiée en avril 2023, démontre qu’entre le CP et le CE1, « l’absence d’école pendant deux mois a un impact négatif sur les performances des élèves scolarisés en réseau d’éducation prioritaire ». L’explication ? « Les performances des élèves accueillis dans le public hors éducation prioritaire progressent durant l’été alors que celles des élèves accueillis en éducation prioritaire restent stables », souligne la note d’information. Les résultats, tirés à partir d’un panel de 20 000 élèves, sont donc sans appel : pendant les vacances estivales, les inégalités entre secteurs se creusent.

Pour autant, réduire les vacances d’été est-il le bon remède contre les écarts de performances observés à la rentrée ? Le camp du « oui » brandit un argument : avec près de 864 heures de cours en primaire par an, contre 800 en moyenne dans les pays de l’OCDE, la France a l’un des rythmes scolaires les plus denses. Mais précisons tout de suite que contrairement à ce qu’on pourrait croire, nos vacances d’été ne sont pas plus longues que dans le reste du vieux continent – d’après les chiffres d’Eurostat, on compte 10 à 12 semaines en Espagne, ou encore plus de 12 semaines en Italie et en Grèce.

Ce qui fait la spécificité française : l’alternance régulière de 7 semaines de cours suivies de 2 semaines de congés. Travailler à de meilleurs rythmes scolaires ? La durée des vacances d’été n’est donc pas l’unique réponse, le temps d’apprentissage pourrait se répartir différemment sur l’année, par exemple via un allègement du rythme journalier et un retour d’une cinquième matinée de classe en primaire. Le hic de ce genre de réformes ? Elles ne résoudraient que partiellement la relation toxique suivante : plus les vacances sont longues, plus elles sont discriminantes.

La logique voudrait donc que la variable d’ajustement soit les sacro-saints mois de juillet et août, comme le préconise Édouard Phillippe. Sauf que la solution d’apparence toute trouvée se heurte à des intérêts contrastés. On pourrait citer le secteur du tourisme, qui verrait son économie impactée par une telle décision, ou bien les familles recomposées, dont l’organisation des vacances se complexifierait. D’autres paramètres tout aussi complexes entrent en ligne de compte : sous l’effet du réchauffement climatique, les étés s’annoncent très chauds et des records de canicules se dessinent.

VIDÉO-Vacances d'été : faut-il réduire la durée ?