Pour ses vœux 2023, Macron fait un discours de politique générale

POLITIQUE - C’est la sixième fois que le président de la République, Emmanuel Macron adresse à la nation ses vœux pour 2023. Après une année marquée par sa réélection historique à la tête de l’État et la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie le 24 février dernier, le chef de l’État, assis devant une bibliothèque basse, a usé d’un ton solennel dans cette allocution de près de vingt minutes.

Dans une première anaphore reprenant son slogan de campagne « Avec vous », il a inclus en premier lieu les « soldats, forces armées, policiers et gendarmes », signe que la situation est grave, notamment sur le plan extérieur. C’est d’ailleurs à « nos amis Ukrainiens » que le président a conclu ses vœux pour leur dire, « en notre nom à tous » : « Nous vous respectons et nous vous admirons. »

La réforme des retraites, horizon de 2023

Lors de cette intervention télévisée, le président a passé beaucoup de temps sur la situation intérieure, et notamment sur la réforme des retraites, pilier du programme de son second mandat, qu’il entend mettre en application dès 2023. Après une série de consultations cet automne, le gouvernement dévoilera le 10 janvier ce projet de réforme potentiellement explosive. « 2023 sera l’année de la réforme des retraites », a confirmé Emmanuel Macron qui la justifie cette fois pour « équilibrer le système », et non plus pour financer d’autres projets comme la transition écologique, l’école ou la santé évoqués en début d’année. « Il nous faut travailler davantage », a insisté le président, prenant presque la place d’un Premier ministre, et se voulant rassurant sur les « carrières longues, hachées » ou pénibles qu’il entend prendre en compte. L’objectif est de « transmettre à nos enfants un modèle social juste et solide parce qu’il sera crédible et financé dans la durée ».

Comme dans un discours de politique générale, le président de la République a loué son bilan : « Nous avons contenu l’inflation et porté le chômage à son plus bas depuis 15 ans. » « Nous avons continué à créer des emplois et des emplois de qualité », s’est-il encore félicité, avant de placer son action sous le signe de l’Europe, « qui nous a permis de créer un bloc uni face à la Russie et de trouver à la dimension du continent les réponses aux défis du siècle ».

Immigration, énergie, industrie...

Ces défis, il les a énumérés, sans toutefois entrer dans le détail avec une nouvelle anaphore : « Par notre travail et notre engagement. » À l’aide de cette phrase et de ces deux piliers, il entend ainsi rénover durablement l’école et l’hôpital, ses deux priorités en immenses difficultés, et sans jamais augmenter ni la dette, ni les impôts, conformément à son logiciel politique. L’industrialisation et l’indépendance du pays étant citées comme priorités de son second mandat.

Il a bien sûr parlé de la crise énergétique et de l’inflation, promettant « à nos artisans, boulangers, industriels » des « aides adaptées dès demain pour que la pérennité de nos emplois et la compétitivé soient assurées ». À propos d’éventuelles coupures de courant, le président affirme qu’elles sont évitables grâce aux efforts de chacun.

« Je nous souhaite, par notre travail et notre engagement, d’œuvrer à construire une France plus forte et plus juste », a-t-il résumé, visant notamment à « renforcer nos forces armées et la justice », ainsi que les services publics. Alors qu’un texte sur l’immigration porté par les ministres Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, à l’Intérieur et au Travail est attendu en janvier, le chef de l’État en a dit un mot en ces termes : « Nous lutterons contre les trafics, l’immigration illégale, tout en restant fidèles à nos valeurs. Intégrons mieux, protégeons les combattants de la liberté mais gardons le contrôle de nos frontières de l’unité de la nation. »

Autre « bataille que nous devons gagner », la transition écologique dont il attend « résolution et méthode ». Il a cité, toujours dans un esprit de politique générale, la « loi sur le nucléaire qui marquera le lancement de nouvelles centrales sur le territoire ».

« Soyons fiers »

Le président s’est voulu résolument optimiste, malgré la « rude époque » traversée par le pays et alors qu’un « nouveau chapitre » reste à « affronter ». Il s’est félicité du « rayonnement culturel, scientifique et sportif », citant « deux prix Nobel », mais pas la Coupe du Monde qui lui a valu des critiques en récupération politique. « De ces moments de création et de sport, de tout cela, soyons fiers », a-t-il intimé, toujours assis. « Il nous faut nous munir de cette fierté et de cette confiance pour aborder l’année qui vient », propose-t-il.

Avant cette allocution télévisée, le chef de l’État a passé quelques jours au Fort de Brégançon, la résidence présidentielle de la Côte d’Azur. Dans le but, assurait son entourage auprès de l’AFP, de « préparer la rentrée ». Une rentrée qui s’annonce périlleuse, tant sur le plan social que politique. Et qui sera marquée par l’inflation qui n’est pas près de s’arrêter, selon le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Dès demain, 1er janvier, les aides au carburant pour tous s’arrêteront à la pompe, pour être remplacées par un chèque de 100 euros pour les travailleurs les plus modestes.

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