Ukraine : pourquoi le blé est un enjeu majeur du conflit ?

L'Ukraine réalise 4% de la production mondiale de blé et assure pas moins de 12% de l'exportation mondiale de cette céréale.

Le conflit entre l'Ukraine et la Russie, deux pays qui font partie des plus gros producteurs et exportateurs mondiaux de blé, laisse craindre une perturbation sur le cours de ce marché. Explications.

Si le conflit russo-ukrainien laisse craindre le pire concernant une possible guerre, il faut également craindre le pire d'un point de vue économique. Alors que le prix de l'énergie devrait flamber, la Russie représentant 40% des importations de gaz en Europe, c'est le prix du blé qui inquiète également. En effet, la Russie et l'Ukraine font partie des plus gros producteurs et exportateurs mondiaux de cette céréale. Donetsk et Lougansk, les deux régions du Donbass dont Vladimir Poutine vient de reconnaître l'indépendance représentent une part très importante (40%) de la production de blé ukrainien, tandis que 12% des exportations mondiales de blé viennent d'Ukraine. Les principales zones de production du "Grenier à blé de l'Europe" sont justement situées dans l'Est du pays, ces terres prisées par Vladimir Poutine.

Les incertitudes au sujet de cette région de l'est ukrainien fait grimper les cours mondiaux avec 270 euros pour une tonne de blé, soit une augmentation de 20% en l'espace de quelques semaines. "Tout tourne autour de l'Ukraine et évolue au gré des tensions géopolitiques car ce sont deux pays qui exportent beaucoup de blé, explique Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors, cité par Le Figaro. L'Ukraine est en effet le 7e producteur de blé au monde et le 5e exportateur, alors que la Russie est le premier pays en termes de volume exporté. "Avec le conflit entre la Russie et l'Ukraine, il y a les craintes que des cargaisons de blé et de maïs soient retardées ou stoppées", ce qui provoque une hausse des cours, explique Dan Cekander, de DC Analysis.

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Les sanctions infligées par l'UE auront des répercussions

Les sanctions financières décidées par l'Union européenne à l'encontre de la Russie "créent un risque énorme de mesures de rétorsion contre les produits de l'UE", explique Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) à BFM Business. Lorsque l'UE avait pris des sanctions en 2014 à l'encontre de la Russie suite à l'annexion de la Crimée qu'elle ne reconnaissait pas, l'agriculture avait été "le premier secteur [...] ciblé par Vladimir Poutine", rappelle-t-elle.

L'Égypte, dont 90% du blé importé provient d'Ukraine et de Russie, serait fortement impacté par une guerre entre les deux pays non pas à cause des prix, qui ont déjà explosé depuis le début de la pandémie de Covid-19, mais pour en trouver. Le premier pays importateur de blé au monde pourrait devoir se tourner vers d'autres fournisseurs européens plus chers comme la France si la guerre venait à durer. L'Indonésie, comme beaucoup d'autres pays, est également très dépendante de cette crise, elle qui importe également massivement du blé provenant de cette zone.

De bonnes conditions météo pour sauver les meubles

Si les flux logistiques de Russie et d'Ukraine venaient à être bloqués, d'autres pays producteurs et exportateurs pourraient prendre le relai de ces deux pays, mais cela ne serait pas sans conséquences, comme l'explique explique Gautier Le Molgat, directeur général adjoint du cabinet d’études Agritel, sur France Culture : "Si on enlève deux fournisseurs majeurs à l'échelle mondiale, les stocks d'autres pays exportateurs comme la France ou les États-Unis ne sont pas illimités. Et donc plus on aura besoin de tirer sur ces sources d'approvisionnement, plus les prix risquent de monter en attendant la nouvelle récolte".

L'an dernier, le prix du blé avait déjà augmenté en raison des mauvaises récoltes liées aux conditions météorologiques, notamment à cause des fortes pluies en France, des sécheresses en Europe de l'Est et de la canicule au Canada. Une météo clémente cette année permettrait aux agriculteurs de réaliser de meilleures récoltes et donc de limiter l'impact de cette crise russo-ukrainienne sur notre portefeuille et notre alimentation.

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