Ukraine : à Soledar et Bakhmout, l’affrontement « le plus sanglant » de la guerre

Ukrainian tankers fire at frontline positions near the city of Soledar, Donetsk region on June 10, 2022. (Photo by Anatolii STEPANOV / AFP)
ANATOLII STEPANOV / AFP Ukrainian tankers fire at frontline positions near the city of Soledar, Donetsk region on June 10, 2022. (Photo by Anatolii STEPANOV / AFP)

UKRAINE - Les autorités ukrainiennes parlent de l’affrontement le « plus sanglant » depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce mercredi 11 janvier, des combats acharnés étaient en cours à Soledar, dans l’est de l’Ukraine où la Russie tente de renverser le cours de la guerre. Preuve de sa volonté d’accélérer les choses : le Kremlin a changé une nouvelle fois de chef militaire au moment où Kiev semble plus proche d’obtenir des armements lourds occidentaux.

« Tout ce qui se passe aujourd’hui en direction de Bakhmout ou de Soledar est le scénario le plus sanglant de cette guerre », a déclaré dans un entretien avec l’Agence France presse (AFP) Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence ukrainienne. Les combats « se poursuivent » à Soledar, le front « tient », a pour sa part affirmé dans la soirée le président ukrainien Volodymyr Zelensky. « Nous faisons tout pour renforcer la défense ukrainienne sans aucune pause, même pour un jour » dans la région orientale de Donetsk, a-t-il martelé.

Soledar, cité minière de 10 000 habitants, est située près de la ville plus importante de Bakhmout que les Ukrainiens défendent sans répit depuis plusieurs mois. Le groupe de mercenaires russes Wagner a revendiqué sa prise, qui constituerait enfin pour Moscou une victoire militaire, après plusieurs revers humiliants depuis septembre : il a toutefois été démenti non seulement par les militaires ukrainiens mais aussi par l’armée russe.

Des pertes russes « énormes » selon l’Ukraine

Le Kremlin, qui a coutume de régner sur ses forces rivales, s’est montré prudent quant à la situation sur le terrain. « Il ne faut pas se presser. Attendons des déclarations officielles », a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, tout en estimant qu’il y avait « une dynamique positive » dans les rangs des troupes russes.

Selon le conseiller ukrainien Mykhaïlo Podoliak, les pertes militaires russes à Soledar sont « énormes » et « l’armée ukrainienne perd également des hommes ». Certainement « plus que ce qu’il y a eu ailleurs avant », a-t-il indiqué à l’AFP.

À l’échelle de l’ensemble de l’Ukraine, « dans la journée, l’ennemi a effectué deux frappes de missiles et 22 frappes aériennes », a résumé le ministère ukrainien de la Défense. Dans la seule région de Lougansk, voisine de celle de Donetsk, les Russes ont « rassemblé » environ 30 000 soldats, a par ailleurs signalé son gouverneur ukrainien, Serguiï Gaïdaï.

Au même moment à Moscou, le général Valéri Guerassimov, un interlocuteur direct de Vladimir Poutine, a été nommé « commandant du groupement combiné de troupes » déployées en Ukraine. « La hausse du niveau de commandement de l’opération spéciale (en Ukraine) est liée à un élargissement de l’ampleur des missions à accomplir », a expliqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

L’Ukraine toujours dans l’attente d’armement lourd

La prédécesseur de Valéri Guerassimov, le général Sergueï Sourovikine, n’aura dirigé les opérations que pendant à peine trois mois. Il avait été nommé en octobre pour redresser la situation de l’armée russe qui subissait des échecs dans les régions de Kharkiv, dans le nord-est, et de Kherson dans le sud du pays.

Dans le même temps, l’Ukraine a réitéré ses appels à ses partenaires occidentaux, à la veille d’une nouvelle réunion sur la base américaine de Ramstein en Allemagne le 20 janvier, à lui fournir des armements lourds et de longue portée. « Nous voulons toujours obtenir 250 à 350 chars lourds » et « des missiles d’une portée de 100 kilomètres », a argumenté Mykhaïlo Podoliak dans ses déclarations à l’AFP, promettant que ces derniers ne seraient pas utilisés contre le territoire russe.

Les chancelleries occidentales tardent à répondre favorablement aux demandes de Kiev sur ce point et Paris, Londres, Berlin et Washington n’ont promis à ce stade que des chars et autres blindés légers. Mais la Pologne a fait un premier pas mercredi, se disant prête à livrer une compagnie de chars d’assaut lourds allemands Leopard 2, soit 14 unités. Cette livraison sera faite « dans le cadre d’une coalition qui est en train de se bâtir », a souligné son président Andrzej Duda à Lviv dans l’ouest de l’Ukraine.

Enfin, sur le front diplomatique, une rare rencontre entre des responsables russes et ukrainiens s’est déroulée mardi en Turquie entre les chargés des droits humains des deux belligérants, Dmytro Loubinets et Tatiana Moskalkova.

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