UFC: quelle suite pour Benoît Saint Denis après sa défaite contre Dustin Poirier?
Une première frappe du gauche assommante, puis un crochet du droit qui éteint la lumière. Benoît Saint Denis s’est incliné par KO face à Dustin Poirier lors de l’UFC 299, dimanche à Miami. Au terme d’un duel spectaculaire, le Français est tombé lors du deuxième round au Kaseya Center. Après avoir largement dominé la première reprise, l’ancien membre des forces spéciales, diminué par un staphylocoque (et une semaine d’antibiotiques pour soigner l’infection), a été terrassé par le puncheur de Louisiane. Mais BSD n’a pas démérité au sud-est de la Floride. Sous les yeux de Donald Trump et de nombreuses personnalités américaines, le natif de Nîmes a marqué les esprits avec son style offensif, son bagage technique et sa volonté d’en découdre.
Il a d’ailleurs touché un bonus pour son combat contre Poirier, qui a été élu "fight of the night". La star US, qui avait rarement été aussi malmenée dans sa carrière au cours d'un même round, lui a rendu hommage en vantant sa puissance physique et son état d’esprit conquérant. Conor McGregor a salué la performance des deux guerriers sur les réseaux. De quoi faire grimper la cote de Benoît Saint Denis au niveau mondial.
Les mots élogieux de Dana White
A l'heure de débriefer l'événement, Dana White, le boss de l’UFC, s’est montré particulièrement élogieux avec celui qui se fait appeler "God of War". "C’est définitivement l’un des meilleurs combattants au monde", a-t-il lâché en conférence de presse. "Poirier est l’un des meilleurs, ça n’entache pas du tout l’image de Benoît Saint Denis, pas même un tout petit peu. Il faut juste qu’il se remette dans le bain et gagne quelques combats. Il apprendra de ça."
Reste à savoir comment BSD va pouvoir se remettre dans le bain après ce revers, le deuxième de sa carrière en MMA (en seize combats). Avant d'y penser, il va sans doute souffler un peu. "Quand le coup d’arrêt arrive, c’est important de voir quel temps on peut s’octroyer pour se reposer et travailler sur ce qu’on a vu", explique Baba Diagne, coach de boxe et de pieds-poings, qui intervient dans le podcast RMC Fighter Club. "Il y avait de la pression sur ce combat. Beaucoup de membres de sa famille étaient là-bas. Donc il faut le temps d’encaisser, avant de travailler ensuite et de revenir..."
"Ne reviens pas tout de suite à la salle"
"C’est important qu’il se repose au niveau physique mais aussi mental", appuie notre journaliste Alexandre Herbinet, spécialiste des sports de combats et présentateur du RMC Fighter Club. "Dustin lui a dit dans l’octogone au micro: Benoît a beaucoup de talent. Il a de l’avenir. Prend ton temps, remets-toi. Ne reviens pas tout de suite à la salle. Dustin lui a donné les meilleurs conseils possibles."
Après un run intense de quatre combats en neuf mois, le Français de 28 ans peut désormais se permettre de s’éloigner un peu de la cage. Sans risquer d’écorner sa hype. "Il a déjà beaucoup de fans et un de ses premiers fans, c’est Dana (White)", observe Baba, qui co-anime également le podcast Au bord du ring. "Et dans ce cas-là, tu as le luxe, contrairement aux autres, de pouvoir temporiser. Si Dana dit en conférence de presse qu’il kiffe vraiment ta manière de combattre et qu’il va faire en sorte que tu restes dans des combats intéressants, prends le temps. Profite de ce privilège, le fameux ‘Dana White privilège’ (sourire)."
Un retour lors du prochain UFC Paris?
Alexandre Herbinet abonde: "Dana White l’a bien dit en conférence de presse. Ils nous ont donné ce qu’on attendait: la guerre. Benoît est un mec qui répond présent pour le spectacle. Il ne sort pas des petits papiers de Dana White. L’UFC l’aime bien. Et c’est exactement le genre de combattant qui peut avoir une très longue carrière à l’UFC. Benoît peut sortir à 35-36 ans - parce que vu son style, il ne durera peut-être pas jusqu’à 40 ans - en étant un ‘fan favorite’ (l'un des combattants préférés des fans)."
Actuellement 12e de la catégorie lightweight (poids légers, -70kg), dominée par le Daghestanais Islam Makhachev, Benoît Saint Denis pourrait faire son retour sur une potentielle carte à Paris en septembre, pour la troisième venue de l’UFC dans la capitale (un peu plus tard dans le mois, en raison des Jeux paralympiques 2024). Mais le protégé de Daniel Woirin, vainqueur lors des deux précédentes éditions à l'Accor Arena de Bercy (face aux Brésiliens Gabriel Miranda et Thiago Moisés), peut aussi être booké pour une soirée plus internationale.
Fiziev, Turner, Moicano, Hooker, Dariush…
"Maintenant, il peut combattre partout", estime Alexandre Herbinet. "Les gens savent qui il est, ils connaissent son style de combat. Il y a des noms devant lui qui peuvent être intéressants à prendre. Il y a beaucoup de possibilités pour Benoît. Ça dépendra aussi des dynamiques à ce moment-là, en fonction de qui sort d’une défaite ou d’une victoire."
L’Azerbaïdjanais Rafael Fiziev (8e) ressemble un adversaire intéressant, tout comme l’Américain Jalin Turner (9e), qui défiera le Brésilien Renato Moicano (13e) lors de l’UFC 300, le 14 avril à Las Vegas. Le Néo-Zélandais Dan Hooker (10e) devrait aussi bientôt revenir aux affaires. L’Américain Beneil Darisuh (7e) pourrait être une option s’il ne combat avant. En revanche, ça semble plus compliqué pour le Polonais Mateusz Gamrot (6e), qui s’est imposé ce week-end face au Brésilien Rafael Dos Anjos (décision).
"Il va falloir bien négocier pour être dans un combat qui soit significatif et qui en même temps ne t’éloigne pas trop du top", résume Baba Diagne. "Idéalement, si j’étais dans son camp, je lui ferais prendre le perdant du combat entre Moicano et Turner. Ce serait pas mal. Il faudrait un combat qui puisse lui faire retenter de monter, mais peut-être moins haut".