UFC: qui est Dustin Poirier, le prochain (et redoutable) adversaire de Benoît Saint Denis?

On imaginait une étape intermédiaire avant ce genre d’adversaire. Mais le potentiel de Benoît Saint Denis, qui n’échappe pas à l’UFC, lui fait sauter des marches. Entré dans le top 15 de la catégorie chez les -70 kilos après sa victoire expéditive et spectaculaire sur Matt Frevola en novembre à New York, "God of War" va pouvoir se mesurer à ce qui se fait de mieux ou presque dans l’une des catégories les plus relevées de l’organisation. Au programme, annoncé la nuit dernière en vidéo par le patron de l’UFC Dana White? Le co-main event de l’UFC 299, le 9 mars à Miami, et en cinq rounds, contre Dustin Poirier. Tout simplement une des plus grandes stars actuelles de la plus grande organisation de MMA.

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Un Américain de 34 ans plus expérimenté que le Français de 28 (29-8 en carrière contre 13-1), tombeur par deux fois de la superstar Conor McGregor et qui sera de loin le plus grand nom jamais croisé dans une cage par "BSD". Et même un des plus grands jamais opposés à un combattant tricolore en MMA derrière Jon Jones (Ciryl Gane) mais dans des eaux similaires ou pas loin de celles de Francis Ngannou (Gane), Rose Namajunas (Manon Fiorot), Cain Velasquez (Cheick Kongo), Frank Mir (Kongo) ou Mauricio "Shogun" Rua (Cyrille Diabaté au PRIDE). Différence avec tous les autres? Poirier n’a jamais été sacré champion incontesté à l’UFC. Mais quelle carrière…

La Louisiane en bannière

Venu de Lafayette, en Louisiane, où il réside toujours même s’il effectue ses camps d’entraînement à l’American Top Team en Floride, le gamin lié à la France via sa filiation avec les Acadiens défoule son énergie de jeunesse dans des bagarres de rue. "J’en ai fait beaucoup dans l’enfance puis au lycée, confiait-il en 2015 sur le site de l’UFC. Et j’ai toujours été bon là-dedans. J’ai toujours adoré la pureté de deux hommes qui s’avancent pour s’affronter. C’est bizarre à dire mais j’ai toujours trouvé une notion de calme dans le chaos. C’est ce que j’aime dans le combat."

Sorti du lycée dès sa première année, il fait plusieurs passages en détention juvénile. La fin de son éducation passera par le combat organisé. "Je me suis éduqué à travers le combat. J’ai voyagé partout dans le monde et j’ai beaucoup appris juste en observant ce qui se passait autour de moi. J’ai eu l’occasion de rencontrer des gens et de connaître des situations que je n’aurais jamais vécues sans ce que j’ai fait dans le combat." Passé professionnel en MMA en 2009, à 20 ans, Poirier débute sur la scène régionale de Louisiane avant de rejoindre l’organisation World Extreme Cagefighting en 2010, où il connaît tout de suite sa première défaite en carrière.

La suivante sera à l’UFC, rejointe en 2011 après deux combats au WEC. "The Diamond" (son surnom) s’offre une future légende dès son quatrième combat dans l’organisation: Max Holloway, futur champion des -66 kilos, qu’il soumet au premier round en 2012. Derrière, son chemin sera parsemé de grands noms. "Korean Zombie", Cub Swanson et McGregor lui infligent des défaites. Mais Jim Miller, Anthony Pettis, Justin Gaethje, Eddie Alvarez, Holloway une deuxième fois, McGregor par deux fois pour ses deux dernières sorties dans la cage (janvier et juillet 2021) et Michael Chandler finissent tous battus.

Deux échecs pour la couronne

Un parcours qui l’aura mené à la ceinture de champion intérimaire des -70 kilos après sa deuxième victoire sur Holloway en avril 2019. Mais Poirier échouera deux fois pour la couronne incontestée, la première en septembre 2019 contre la légende Khabib Nurmagomedov, la seconde en décembre 2021 face à Charles Oliveira. L’homme qui arbore plusieurs tatouages sur les bras et le torse – le premier effectué à 14 ans – est surtout une garantie de spectacle. Ceinture noire de jiu-jitsu brésilien, celui qui affiche huit bonus de "combat de la soirée" à l’UFC (deuxième place dans l’histoire de l’organisation à égalité avec Nate Diaz et Frankie Edgar, une marche derrière Edson Barboza) fait surtout parler sa boxe et son striking à l’UFC, où il a battu plusieurs spécialistes du genre comme Gaethje, Alvarez, Dan Hooker, Holloway ou McGregor.

Devenu pour de bon une superstar avec ses deux victoires sur l’Irlandais, ce combattant engagé depuis longtemps dans des actions de charité avec sa femme Jolie – rencontrée à l’adolescence, épousée très tôt et avec qui il a une fille – a toujours montré qu’il n’avait peur de personne. Nouvelle preuve avec ce combat contre Saint Denis, vu par beaucoup comme l’épouvantail qui monte dans la catégorie avec une série en cours de cinq victoires avant la limite et affiché comme favori par de nombreux bookmakers à l’ouverture des cotes quelques heures après l’annonce de White.

Entre les deux, une série va prendre fin. Celle du Français, qui n’a jamais perdu chez les -70 kilos à l’UFC, où celle de l’Américain, qui n’a jamais perdu deux fois de suite dans sa carrière et sort d’un revers par KO infligé par Gaethje pour la ceinture "BMF" en juillet dernier. Le vainqueur gardera la sienne intacte. Et se rapprochera fort d’une première (Saint Denis) ou nouvelle (Poirier) chance pour le titre. Il n’y aura pas d’étape intermédiaire pour Benoît Saint Denis, à qui l’UFC offre une chance de montée accélérée preuve de confiance en passant plutôt par l’étape légende. On ne va pas s’en plaindre.

Article original publié sur RMC Sport