Turquie-Grèce : la guerre éclatera-t-elle soudainement de nuit ?

En mai dernier, Recep Tayyip Erdogan parlait d’“intervenir pendant la nuit, soudainement”, en Syrie [une phrase régulièrement prononcée dans le passé en prélude aux interventions militaires turques contre les forces arabo-kurdes des FDS en Syrie]. Le ministre de la Défense Hulusi Akar s’est rendu à la frontière avec les hauts gradés, des manœuvres importantes ont été effectuées, on comptait les heures avant le déclenchement d’une intervention militaire d’ampleur dans la région de Tel Rifat-Manbij. L’Iran a manifesté sa stricte opposition à une telle opération, mais c’est l’action de la Russie qui a été décisive. Erdogan s’est d’abord entretenu avec Poutine au téléphone, puis ils se sont vus à Sotchi, et il n’a plus du tout été question d’“intervenir soudainement de nuit”.

Désormais, c’est la Grèce qui doit s’inquiéter d’une “intervention soudaine de nuit”. Ce n’est pas la première fois qu’Erdogan fait des déclarations hostiles à notre voisin de la mer Égée, mais celles-ci dépassent les précédentes et font office de menaces directes.

“Ils nous menacent avec leurs S-300 [un système de défense antiaérienne utilisé par les Grecs fin août pour intimider des avions turcs qu’Athènes accusait de violer son espace aérien] ? Holà, Grèce, regarde ton histoire, si tu continues sur cette route, le prix à payer sera lourd ! Je n’ai qu’une chose à dire à la Grèce : n’oublie pas Izmir [en septembre 1922, lors de la deuxième guerre gréco-turque, les habitants grecs, arméniens et levantins de la ville portuaire alors appelée Smyrne sont massacrés par dizaines de milliers avant d’être évacués par la marine grecque]. Tu occupes les îles mais le moment venu nous ferons le nécessaire. Comme on le dit, nous pouvons venir soudainement une nuit.”

“Reconquérir” les îles

La partie la plus importante de ces déclarations n’est même pas la menace d’une intervention militaire, que l’on peut mettre sur le compte d’une menace prononcée dans un contexte de montée des tensions. Le plus important réside dans l’accusation d’“occuper les îles”. Cela revient, pour le président turc, à dire qu’il ne reconnaît pas la souveraineté grecque sur certaines îles de la mer Égée.

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