En Tunisie, le poison du “grand remplacement” se diffuse aussi

Melissa est ivoirienne. Elle et son mari vivent dans la peur. La plupart de leurs proches et voisin·es sont dans la même situation. Depuis plusieurs mois, une campagne raciste à l’encontre des Subsaharien·nes en Tunisie prend de plus en plus d’ampleur.

Le président a lui-même souscrit à ces théories racistes et complotistes et a pointé du doigt les Subsaharien·nes, les accusant d’être des “hordes” et que l’immigration subsaharienne est une “entreprise criminelle”, dont le but serait de “changer la composition démographique de la Tunisie”.

“On va tous vous chasser”

Dans le même quartier que Melissa, Anna, une jeune femme ivoirienne, accueille ses amis Issa et Pierre. Ce dernier vient de quitter son domicile sur demande de sa propriétaire.

Depuis deux jours, Mariam et son mari dorment sous un pont. Le couple a été mis dehors par leur propriétaire, qui craignait des représailles pour avoir hébergé des Subsaharien·nes.

“Tout le monde a peur”, confie Patricia Gnahoré, journaliste à RLF (Radio Libre Francophone), en Tunisie depuis quatre ans. Selon la reporter, les expulsions ont commencé vers le 9 février, lorsque des messages alarmistes se sont propagés sur les réseaux : s’ils et elles hébergent des Subsaharien·nes sans papiers, les propriétaires seraient passibles d’amendes et de peines de prison.

Toutes les personnes interrogées par Inkyfada expliquent avoir perdu leur emploi. D’habitude, Anna fait régulièrement des ménages, mais elle n’ose plus sortir de chez elle. Son colocataire, Dylan, a été renvoyé du restaurant où il travaille, “pour l’instant”.

Parmi ses ami·es, il est le seul à ne pas être resté enfermé ce jour-là : il est parti voir son ancien patron, espérant récupérer son salaire. “Ses collègues se sont fait embarquer sur leur lieu de travail [les cuisines d’un restaurant]”, raconte Anna. Heureusement, Dylan n’était pas sur place à l’arrivée des policiers. Par contre, son employeur l’a appelé et lui a dit de ne pas venir travailler en “attendant que les choses se calment”.

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