Trump de retour sur Twitter ? Elon Musk demande l’avis des internautes

SAN ANSELMO, CALIFORNIA - JANUARY 08: The suspended Twitter account of U.S. President Donald Trump appears on an iPhone screen on January 08, 2021 in San Anselmo, California. Citing the risk of further incitement of violence following an attempted insurrection on Wednesday, Twitter permanently suspended President Donald Trump’s account. (Photo Illustration by Justin Sullivan/Getty Images)

RÉSEAUX SOCIAUX - Faut-il permettre à Donald Trump de revenir sur Twitter ? Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 novembre, le sulfureux patron du réseau social à l’oiseau bleu, Elon Musk, a posé la question directement aux utilisateurs de la plateforme, s’aventurant plus en avant sur le terrain glissant de la modération (ou non) des contenus.

Le magnat de la Tech, patron de Twitter depuis désormais trois semaines, a fait rétablir ce vendredi plusieurs comptes d’utilisateurs suspendus, en précisant immédiatement qu’il n’avait « pas encore pris de décision sur (Donald) Trump ». Et cela avant de laisser les internautes choisir à l’aide d’un sondage. Or sur une plateforme où l’ex-président des États-Unis dispose toujours d’une grande réserve de fans, l’homme le plus riche du monde semble donc en passe de rendre sa tribune favorite à l’ancien chef d’État.

En début de matinée, le sondage avait déjà reçu plus de 7 millions de réponses, avec plus de 53 % de votes en faveur du rétablissement de Donald Trump. Si Elon Musk joue l’apartisanisme et se pose en défenseur absolu de la « liberté d’expression », il semble difficile de ne pas y avoir une nouvelle faveur au parti conservateur, pour qui il avait déjà appelé à voter avant les élections de mi-mandat aux États-Unis.

Elon Musk sous-estime le pouvoir d’Apple et Google

Vendredi, comme pour prouver sa neutralité, Elon Musk a rétabli des comptes de bords politiques opposés. L’humoriste Kathy Griffin a ainsi été réintégrée. Elle comptait deux millions d’abonnés avant d’être suspendue la semaine dernière après avoir, comme d’autres internautes, changé son nom d’utilisateur en « Elon Musk » pour se moquer du patron.

« The Babylon Bee », un site satirique américain, et Jordan Peterson, une personnalité médiatique conservatrice, ont aussi fêté leur retour après avoir été suspendus pour s’être moqué des personnes transgenres.

Yoel Roth, l’ancien responsable de la sûreté de Twitter, a noté vendredi dans un éditorial publié par le New York Times que le retour de Donald Trump sur le site était une « quasi-certitude ». La semaine dernière, il défendait pourtant encore les décisions du multimilliardaire, faisant par exemple valoir que les équipes de modération des contenus avaient en bonne partie été épargnées lors du licenciement de la moitié des salariés.

Il a ensuite démissionné par rejet des méthodes d’Elon Musk, qui « définit les règlements de Twitter à coups de décrets unilatéraux », a-t-il expliqué. Il a averti que le directeur général n’avait pas du tout réussi à « convaincre les annonceurs », un problème majeur pour le modèle économique de Twitter.

Pour Yoel Roth, Elon Musk sous-estime le pouvoir d’Apple et Google, qui contrôlent les deux principaux systèmes d’exploitation mobile dans le monde, iOS et Android. Les deux géants peuvent bannir toute application qui ne respecte pas leurs règles sur les contenus, souvent assez vagues, avec des conséquences « catastrophiques » pour ladite application. « Twitter va devoir trouver l’équilibre entre les objectifs du nouveau propriétaire et les réalités concrètes de la vie sur l’internet d’Apple et Google », a-t-il résumé.

Promesses et provocations

Or le patron de Tesla est attendu au tournant sur la modération des contenus en général. « La politique du nouveau Twitter, c’est la liberté d’expression, mais pas la liberté d’atteindre » le public, a-t-il indiqué vendredi. « Les tweets négatifs ou haineux seront rétrogradés et démonétisés, donc il n’y aura pas de pub adossée ni d’autres revenus pour Twitter, a-t-il encore précisé. Vous ne trouverez pas ces tweets à moins de les chercher spécifiquement, ce qui n’est pas différent du reste d’internet ».

La vision de l’entrepreneur libertarien pour une plateforme qui est au cœur de la vie politique et sociale de nombreux pays inquiète beaucoup d’associations, d’autorités et d’annonceurs. Ils craignent qu’Elon Musk retire les garde-fous existants, aussi précaires soient-ils, contre la désinformation, le harcèlement et d’autres abus. Ses tweets de vendredi évoquent néanmoins une stratégie proche de celle de YouTube, où les contenus proches des limites fixées par le règlement sont moins susceptibles d’apparaître en priorité, sans pour autant disparaître complètement.

Ella Irwin, sa nouvelle responsable de la sûreté du site, a partagé les clarifications du directeur général comme des « principes essentiels pour Twitter », « qui vont nous aider à garder la plateforme saine ». Pas sûr néanmoins que cela suffise à rassurer les marques déjà parties, comme General Motors ou Pfizer.

Car Elon Musk multiplie autant les promesses (comme la création future d’un conseil de modération des contenus) que les provocations. Il a même menacé d’appeler à un boycott « thermonucléaire » des annonceurs dissidents. Chez Twitter, plusieurs ingénieurs ont été licenciés depuis lundi après avoir remis en question le nouveau patron, sur la plateforme ou sur la messagerie interne de l’entreprise.

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