"Mon troupeau irradié", ou la lutte des éleveurs de vaches de Fukushima

Très peu vu en France, le film de Matsubara Tamotsu est un hommage à la résistance des fermiers éleveurs de bétail ayant voulu sauver de l’abattage plusieurs centaines de vaches contaminées après la catastrophe nucléaire de Fukushima. Sciences et Avenir a pu assister à sa projection au Forum des images à Paris, lors du festival de films consacrés au Japon, qui se déroule jusqu’au 15 janvier 2023.

Attention, images cruelles. Une quarantaine de carcasses de vaches défilent sous l’œil de la caméra. Orbites vides, mandibules, vertèbres thoraciques… Les restes s’étalent en désordre au travers de dalles de ciment, quand de multiples crânes coincés entre les barreaux des mangeoires s’alignent dans l’étable. Quelques instants plus tard, apparaît à l’écran tout un groupe de porcs décharnés, eux aussi morts de faim et de soif. "C’est la réalité. La fuir, voire ignorer ce qui est arrivé serait encore plus cruel", dit l’anthropologue Kurumi Sugita, chercheuse à l’ENS Lyon, retraitée du CNRS (1), qui tient, en tant que co-fondatrice de l’association « Nos voisins lointains 3/11 », à ce que se poursuivent les informations sur la situation des populations et des lieux liés à la catastrophe de Fukushima.

Les éleveurs expliquent qu'ils "sont restés sur place deux ou trois jours avant d’avoir reçu l’ordre de partir"

Cette réalité est celle d’animaux domestiques abandonnés après la catastrophe de Fukushima (Japon), tels que les révèle « Mon troupeau irradié » (« Nuclear Cattle »), réalisé par Matsubara Tamotsu, régulièrement revenu sur le terrain pendant cinq ans pour témoigner de l’évolution de la situation, avant la sortie du film en 2016. Très peu vu en France, quoique primé à l’Uranium Film Festival en 2017, le documentaire a donné lieu à une soirée spéciale au Forum des Images à Paris (2) fin novembre 2022, dans le cadre de la projection d’une série intitulée « Fenêtres sur le Japon » (3).

Les éleveurs des lieux, où la radioactivité affichée sur panneaux (ou mesurée en direct lors du tournage) dépasse parfois 70 voire 90 fois le taux normal, témoignent. Ils rappellent qu’"ils sont restés sur place deux ou trois jours avant d’avoir reçu l’ordre de partir" par les autorités. C’est ainsi que plus de 1500 vaches ont été abandonnées. Ultérieurement, quand autorisation a été donnée de retourner quelques heures sur place dans les zones les plus contaminées et que certains sont r[...]

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