Le train de nuit Paris-Aurillac enchaîne les galères, un mois après son inauguration par Clément Beaune

Pour les voyageurs intrigués par le retour du train de nuit Paris-Aurillac après 20 ans d’absence, mieux vaut réfléchir à deux fois avant d’acheter un billet.
ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP Pour les voyageurs intrigués par le retour du train de nuit Paris-Aurillac après 20 ans d’absence, mieux vaut réfléchir à deux fois avant d’acheter un billet.

TRANSPORTS - Après vingt ans d’absence, le train de nuit Paris-Aurillac réalise un retour très médiatisé, mais pour pas pour les bonnes raisons… Remis en service le 10 décembre dernier à l’initiative du ministre des Transports Clément Beaune, cette ligne de nuit ressuscitée entre la capitale et l’Auvergne enchaîne depuis les galères.

Car si Le HuffPost évoquait dès le 16 décembre les premiers couacs de cette ligne, qui vivait alors son deuxième trajet entre Paris et la préfecture du Cantal, les choses ne s’arrangent guère depuis. Ce jeudi 4 janvier, franceinfo révèle que la ligne connaît encore de nombreuses pannes et même une pénurie de locomotives adaptées à certains tronçons du parcours.

Train de nuit, option autobus

Présenté, à juste titre, comme une alternative plus écologique aux transports individuels, tout en offrant un trajet quotidien en période de vacances scolaire et deux voyages hebdomadaires en période classique, le train de nuit Paris-Aurillac semblait pourtant cocher toutes les cases pour séduire les voyageurs en quête d’une solution à moindre coût et respectueuse de l’environnement.

Franceinfo évoque pourtant des pannes en cascade additionnée à l’absence de liaison ferroviaire depuis mardi 2 janvier entre Brive-la-Gaillarde et Aurillac. En cause ? Un « manque » de locomotives adaptées sur la portion Brive-Aurillac, qui n’est pas électrisée. « Le parc des locomotives thermiques est encore sous tension et le Paris-Aurillac en fait les frais », explique à ce sujet la SNCF à La Montagne.

Or face à la pénurie de locomotives diesel pour desservir cette ligne, la SNCF a été contrainte de mettre en place une navette en cars pour permettre aux voyageurs de faire la jonction entre la commune de Corrèze et celle du Cantal. Soit sur une distance d’environ une centaine de kilomètres.

Ce mardi, les voyageurs qui ont découvert que leur train avait été « supprimé » sur le site de la SCNF, ont donc dû embarquer à bord d’une navette (grâce à leur billet de train annulé) à 22 h 42 pour rallier Brive peu après une heure du matin. Il ne restait alors plus qu’à trouver un nouveau train de nuit pour Paris une fois arrivé en gare de Brive…

« Une offre bâtarde »

Le rêve d’une liaison nocturne efficace est donc déjà très loin, moins d’un mois après la (re)mise en service de la ligne. Le journal local La Montagne relate à ce propos le trajet d’Anne, « Cantalienne de 80 ans » qui a eu la surprise de découvrir son train de nuit du 25 décembre « en panne » et donc dans l’incapacité de partir.

L’octogénaire, ainsi qu'une cinquantaine de voyageurs, se sont donc tournés vers le bus de nuit, direction Brive. Après une attente de plus d’une heure dans un froid « glacial », un train couchette venu d’Albi a finalement pu les prendre en charge. Mais ce n’était pas la fin de la galère : le train étant déjà rempli de voyageurs, « il a fallu caser au gré des disponibilités les gens sans respecter leurs choix de places ». Arrivée à Brive en autocar à 00 h 30, Anne affirme s’être finalement allongée « au chaud » à 2 h 30.

Le journal local ajoute que la vieille dame, remontée contre ces conditions de transport, a décidé d’écrire au député Vincent Descoeuret au maire de sa commune, Maurs. Avec franchise, elle dénonce dans son courrier « un battage médiatique » pour « une offre bâtarde », ne circulant qu’avec « du vieux matos ».

Un train de nuit « mort-né »

Auprès des deux médias, Claude Prat, maire de la commune de Glénat, dans le Cantal, et président du comité de défense des lignes de chemin de fer du département, a du mal à cacher sa colère face à cette situation pour le moins embarrassante. Celui qui n’hésite pas à parler d’un train « mort-né » à cause de locomotives diesel vieilles de « 40 ou 50 ans », insiste aussi sur le fait qu’en l’absence de renouvellement du parc de locomotives, « ce sont les Cantaliens qui en subissent les conséquences ».

De son côté, la SNCF assure à franceinfo que le train de nuit prévu ce jeudi 4 janvier « circulera comme prévu » dans le sens Paris-Aurillac, et promet de « faire son maximum » pour les jours suivants dans le sens des retours, où l’option autocar demeurera inévitable pour gagner Brive sur la première portion du trajet.

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