Tour de France 2023 : Même Jonas Vingegaard a été impressionné par son contre-la-montre record

À bloc durant les 22 km de course, le Danois et actuel maillot jaune n’a fait qu’une bouchée de son grand rival Pogacar dans l’entame de la dernière semaine du Tour de France 2023.
À bloc durant les 22 km de course, le Danois et actuel maillot jaune n’a fait qu’une bouchée de son grand rival Pogacar dans l’entame de la dernière semaine du Tour de France 2023.

TOUR DE FRANCE - Coup de chapeau au maillot jaune. Le Danois Jonas Vingegaard a pris une sérieuse option sur une deuxième victoire dans le Tour de France en écrasant le chrono de la 16e étape ce mardi 18 juillet à Combloux. Dans des proportions que personne, même pas lui, n’aurait pu imaginer.

Ils étaient inséparables, se tenant en dix secondes après deux semaines à ferrailler épaule contre épaule. Mais un monde sépare désormais le coureur danois de son rival slovène Tadej Pogacar, qui a cédé une minute 38 secondes à la fusée jaune dans un contre-la-montre alpestre qui entre directement dans l’histoire des performances les plus fulgurantes de l’histoire du Tour.

« J’ai passé la meilleure journée de ma vie sur un vélo. Je l’ai senti tout de suite, dès que je suis parti, j’envoyais des watts très élevés, alors que je voulais en garder sous la pédale. J’ai même cru que mon compteur de puissance avait des ratés tellement j’allais vite », a d’ailleurs lâché l’actuel leader de la Grande Boucle à l’issue de sa prestation de haute volée.

Impérial, le Danois a avalé les 22,4 kilomètres du parcours à une allure folle, reléguant son équipier et spécialiste du chrono Wout Van Aert à près de trois minutes, un écart incroyable sur une telle distance.

« Je suis le meilleur des gens normaux », a même commenté le Belge Wout Van Aert, troisième du classement de la course du jour. « C’est impossible de comprendre de tels écarts. Enfin si, c’est possible. C’est deux-là sont tellement au-dessus de tout le monde », a ajouté le Belge, alors que le troisième au classement général, Adam Yates, pointe désormais à près de neuf minutes.

Le peloton ne s’en remet pas

Dans le camp de Vingegaard, on avait effectivement du mal à se remettre de la performance stratosphérique du Danois qui avait assuré dimanche qu’il ne se dopait pas, une question qui se pose inévitablement tellement il va vite.

« Pouah, je sais pas quoi dire, c’est énorme, on ne s’attendait pas du tout à un tel écart », a déclaré Mathieu Heijboer, responsable de la performance chez Jumbo-Visma et en charge du chrono. « Les jambes ont parlé, a-t-il ajouté. Maintenant l’écart est fait. Je ne dis pas que le Tour est joué. Mais la course va changer, c’est sûr. »

Pour Marc Madiot, directeur de l’équipe Groupama-FDJ, « personne ne s’attendait à ça. Mais on a vu assez vite que Pogacar n’était pas dans un grand jour. Je pense quand même que Vingegaard a fait l’un des chronos de sa vie, si ce n’est le meilleur », a-t-il lâché au micro de RMC Sport. Le coureur Lilian Calmejane (de la formation Intermarché-Circus-Wanty) a d’ailleurs partagé quelques infos techniques sur la course pour rendre compte de la performance hors-norme du leader de la Jumbo-Visma.

« Le suspense a pris une petite claque, reconnaît également Julien Jurdie, directeur sportif d’AG2R-Citroën. Vingegaard a écrasé l’ensemble du peloton et son adversaire numéro un ».

Encore deux cartouches pour « Pogi »

Cette prestation est d’autant plus impressionnante que même archi dominé, Pogacar n’a pas fait un mauvais chrono du tout, terminant lui aussi loin devant les autres. Mais la stratégie de troquer son vélo de chrono contre une machine plus légère au pied de la côte de Domancy s’est retournée contre lui puisqu’il a continué à perdre du temps dans la montée face à Vingegaard, qui n’a pas voulu adopter la même tactique que son grand rival.

« Ça m’a coûté quelques secondes peut-être mais ce n’est pas ça qui a fait la différence aujourd’hui. Ce n’était pas ma meilleure journée. Je n’ai rien pu faire de plus », a réagi le Slovène, vainqueur en 2020 et 2021.

Le Tour est-il joué ? « Non, a assuré Vingegaard. Il reste encore beaucoup d’étapes très difficiles. On doit continuer à se battre ». Pourtant, à y regarder de plus près, il ne reste que deux étapes à Pogacar pour tenter de renverser la vapeur. Dès mercredi lors de l’étape-reine de cette 110e édition entre Saint-Gervais et Courchevel, avec le terrible col de la Loze où la moindre défaillance se paye en minutes.

Ensuite, il restera la journée de samedi dans les Vosges, à la veille de l’arrivée à Paris. L’occasion rêvée pour le Slovène de faire un grand coup s’il arrive à laisser loin derrière lui l’actuel maillot jaune. « Pogacar va nous attaquer jusqu’à Paris et même encore dans le bus entre Paris et la Slovénie », a prévenu le patron de Jumbo-Visma Richard Plugge.

Mais la perspective d’une troisième victoire de Pogacar a pris un sacré coup dans l’aile et le Slovène lui-même ne s’en cachait pas. « Ce n’est pas encore fini mais il a creusé un gros écart, ça va être difficile de le combler », a réagi « Pogi ».

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