"Il est toujours là": comment Trump a conforté sa mainmise sur les républicains lors du vote en Iowa

L'écart était tel que Donald Trump a été déclaré vainqueur avant même la fermeture des bureaux de vote. Ce lundi 15 janvier 2024, Donald Trump a remporté dans l'Iowa la première des primaires républicaines.

Une victoire écrasante annoncée une demi-heure à peine après le début du scrutin et qui "confirme son statut d'hyper favori" du parti républicain pour la présidentielle de novembre, analyse auprès de BFMTV.com Lauric Henneton, maître de conférences à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Joe Biden l'a reconnu dans un message d'appel aux dons: Donald Trump est devenu "le net favori de l'autre camp à ce stade".

"Le grand soir sera en novembre, lorsque nous reprendrons notre pays", a quant à lui lancé le candidat républicain à ses soutiens.

L'Iowa n'est qu'un État dans un long processus de nomination. Si historiquement le vainqueur de l'Iowa ne devient pas nécessairement le candidat du parti, et encore moins président, le score de Donald Trump ce lundi consolide sa mainmise.

"Il pouvait se permettre de perdre sans être inquiété"

"C'est mission accomplie", concède Lauric Henneton. "Ce n'est ni un triomphe, ni une déconvenue par rapport à ce qu'annonçaient les sondages". Premier État américain à voter pour les primaires républicaines et démocrates, l'Iowa a acquis la réputation de "baromètre" pour des candidats désireux de bien démarrer la campagne.

Chez les républicains, le scrutin a d'autant plus de valeur qu'ils voient dans cet État majoritairement blanc, conservateur et évangélique un concentré de leur base électorale.

Pourtant, selon Lauric Henneton, si Donald Trump était effectivement en terrain favorable, "il y en aura des beaucoup plus favorables après le Super Tuesday", jour de début mars où un grand nombre d'États votent simultanément lors de primaires ou de caucus.

"Il pouvait même se permettre de perdre dans l'Iowa sans être vraiment inquiété", affirme le spécialiste.

Dès la semaine prochaine, le ballet très orchestré des primaires mènera les candidats dans le New Hampshire. Dans cet État frontalier du Canada, qui votera le 23 janvier, le statut de favori du Donald Trump serait un peu plus contesté: Nikki Haley, vue comme une alternative plus modérée, n'est que 14 points derrière, selon l'agrégateur de sondages RealClearPolitics.

Des concurrents largement derrière

C'est l'un des enseignements du caucus de l'Iowa: Donald Trump a récolté plus de voix que Ron DeSantis et Nikki Haley réunis, ses deux principaux concurrents. Dans les comtés considérés comme plus modérés, favorables pour Nikki Haley, Donald Trump l'a emporté, bien qu'avec des marges plus faibles.

L'ancien locataire de la Maison Blanche a également devancé Ron DeSantis dans les bastions conservateurs, où vivent de nombreux électeurs évangéliques, pourtant courtisés par le gouverneur de Floride. Ce dernier avait particulièrement misé sur l'Iowa, visitant chacun des 99 comtés de l'État et y déployant une grande partie de ses fonds.

À l'inverse, Donald Trump s'est efforcé de donner à sa campagne un air d'inéluctabilité: il n'a pas participé aux cinq débats républicains et n'a que très peu fait campagne dans l'Iowa.

Arrivé quatrième du scrutin avec 8% des suffrages, l'entrepreneur Vivek Ramaswamy a rapidement suspendu sa campagne pour apporter son soutien à l'ancien président.

"L'opinion républicaine est revenue vers Trump"

Donald Trump, qui entend devenir le premier ancien président depuis Grover Cleveland dans les années 1890, à revenir au pouvoir après avoir échoué à sa réélection, a obtenu un score historique en Iowa, caucus d'ordinaire bien plus serré.

"On est quasiment dans le scénario de 2020 (où Donald Trump n'avait pas de concurrents chez les républicains, ndlr), il n'est pas le président sortant mais il a déjà été président: on n'a pas un champ de candidats renouvelé", explique ainsi Lauric Henneton.

Les résultats de ce lundi montrent toutefois une chose: le parti l'a suivi. Alors qu'il s'agissait là de la première fois que Donald Trump faisait face aux électeurs depuis son départ chaotique de la Maison Blanche en 2021, ils se sont massivement mobilisés, malgré des conditions météorologiques très difficiles.

Il y a un peu plus d'un an, lors des élections des midterms, "Ron DeSantis avait le vent en poupe", indique Lauric Henneton. "Mais l'opinion républicaine a changé et est revenue vers Trump".

"Il a passé l'obstacle, le populisme de Donald Trump fonctionne toujours aussi bien: il n'y a pas eu d'effritement durable malgré une lassitude à un moment", détaille-t-il.

Malgré les affaires judiciaires

La victoire de l'Iowa est d'autant plus symbolique qu'elle intervient alors que Donald Trump est impliqué dans plusieurs affaires judiciaires. Il est d'ailleurs attendu dès ce mardi à un nouveau procès à New York, poursuivi pour la seconde fois au civil pour diffamation par une autrice qui l'a déjà fait condamner en 2023 pour agression sexuelle.

En outre, il y a trois ans, avait lieu l'invasion du Capitole par les partisans de Donald Trump, dans laquelle il est également mis en cause. "Tout cela ne l'affecte pas, au contraire, car ses soutiens estiment toujours que c'est un complot des démocrates", explique Lauric Henneton.

Selon un sondage de CNN, deux tiers des votants du caucus de l'Iowa adhèrent à la thèse selon laquelle l'élection de 2020 a été volée et que Joe Biden n'a pas réellement gagné. En outre, 60% d'entre eux déclarent que Donald Trump serait toujours apte à être président même s'il était reconnu condamné pour un crime.

"Le seul frein à sa campagne serait la question de sa santé, mais il est toujours là", complète Lauric Henneton.

Article original publié sur BFMTV.com