Présidentielle américaine: pourquoi le petit État de l'Iowa est si important dans la course à l'élection

C’est son moment. Tous les quatre ans, les projecteurs de la scène politique américaine se braquent sur l'Iowa, petit État rural du Midwest qui donne le coup d’envoi des primaires présidentielles depuis plus de cinquante ans. Le parti républicain y tient ce lundi 15 janvier ses premiers “caucus”, sortes de réunions de quartier dans lesquelles les sympathisants votent pour leur candidat favori dans la course à la Maison-Blanche.

Les démocrates organisent aussi leurs propres caucus mais, après une organisation chaotique en 2020, le scrutin devant confirmer l'investiture du président Joe Biden se déroulera par voie postale jusqu'au 19 février.

Gare au faux départ

L'Iowa et ses 3 millions d’habitants seront représentés par 40 délégués à la convention républicaine, une goutte d’eau dans les plus de 2.400 en jeu dans le pays. Mais en votant le premier, l’Iowa a acquis la réputation de “baromètre” pour des candidats désireux de bien démarrer la campagne.

"Les primaires sont longues et coûtent énormément d'argent aux candidats. Si les donateurs de votre campagne voient qu'ils ont misé sur le mauvais cheval, ils n’hésiteront pas à vous laisser tomber pour parier sur un autre", décrypte pour BFMTV.com Olivier Richomme, professeur de civilisation américaine à l’université Lumière Lyon-2.

Un faux départ dans l'Iowa, et c’est toute une campagne qui peut s'écrouler. "Un candidat a parfois davantage intérêt à ne pas se présenter dans l'Iowa que d'y investir beaucoup d’argent et de se planter", ajoute Olivier Richomme.

Un concentré de l’électorat républicain

Chez les républicains, le scrutin a d'autant plus de valeur qu’ils voient dans cet État majoritairement blanc, conservateur et évangélique un concentré de leur base électorale. De quoi pousser certains candidats à s’investir plus que de raison dans l'Iowa.

Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, a ainsi sillonné méthodiquement les 99 comtés que compte l’Iowa pour tenter de rattraper son retard sur Donald Trump, donné très largement en tête.

Selon un décompte de NBC News, le républicain pourfendeur du "wokisme" a dépensé quelque 21 millions de dollars de publicité dans l’État et participé à pas moins de 125 événements, meetings et débats depuis le mois de mai 2023.

"Dans l'Iowa, il faut aller au contact de la foule, serrer des mains et embrasser les bébés. C’est tout l'art de ce qu'on appelle aux États-Unis la retail politics", explique Olivier Richomme.

Une importance à relativiser

Si remporter les caucus de l’Iowa peut donner une dynamique médiatique à sa campagne, le scrutin ne préfigure pas pour autant une victoire à la convention d'investiture. Côté républicain, sur les cinq derniers vainqueurs dans l'Iowa, seuls deux ont remporté suffisamment de délégués à l'échelle nationale pour être candidat du parti: George W. Bush en 2000 et Donald Trump en 2020.

Le ratio est meilleur chez les démocrates. Quatre vainqueurs des caucus sur cinq ont été investis candidats du parti. Mais un seul - Barack Obama - a remporté l'élection présidentielle.

"L'Iowa n'a plus l'importance qu'il pouvait avoir il y a 30 ou 40 ans", estime le spécialiste des États-Unis Olivier Richomme, qui observe que "les candidats ont moins tendance à tout miser sur cet État".

L'ancienne ambassadrice aux Nations unies Nikky Halley a organisé dans l'Iowa 33 événements, contre 37 dans le New Hampshire où ont lieu les prochaines primaires le 23 janvier.

Donald Trump est le candidat républicain à avoir passé le moins de temps dans l'État. Toujours selon NBC News, il n'y a organisé que 27 événements depuis mai dernier. Sûr de ses forces, l'ancien président s'est même permis de snober le débat organisé par CNN dans la capitale Des Moines.

Article original publié sur BFMTV.com