"Totalement inacceptable": des ONG alertent sur la famine et le manque de lait maternel à Gaza

Jour après jour, la situation humanitaire ne cesse de se dégrader dans la bande de Gaza. Alors qu'un premier bateau transportant 200 tonnes de vivres est arrivé ce vendredi 15 mars au large de Gaza-ville, Léo Cans, chef de mission de Médecins sans frontières présent sur place, alerte sur le manque de lait maternel, en particulier au nord du territoire palestinien.

Interviewé sur BFMTV, cet humanitaire a évoqué le cas de la sœur d'un de ses collègues qui a accouché le mois dernier. "Ce nourrisson est mort il y a quatre jours parce qu'il n'y avait pas de lait maternel pour lui donner et sa maman n'arrivait pas à l'allaiter", raconte Léo Cans. "Ce petit enfant est mort parce qu'il n'y avait pas de lait maternel."

"Aujourd'hui, la réalité est que l'armée israélienne, le gouvernement israélien, refuse de laisser rentrer du lait maternel dans une ville où il y a des centaines de milliers de gens et donc des dizaines de milliers d'enfants", résume-t-il. Du fait du siège de la ville de Gaza, "il n'y a rien ou quasiment rien qui rentre. Il n'y a rien qui peut justifier qu'un nouveau-né meurt de faim aujourd'hui. C'est totalement inacceptable."

Le blocus mené par Tshal entraîne "une quasi-famine délibérée dans le centre et dans le nord de la bande de Gaza où 300.000 personnes aujourd'hui sont dans une situation abominable, sans soins, sans nourriture, sans eau. Des enfants meurent régulièrement de faim", abonde le Dr Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde et invité de BFMTV.

À Rafah, "une fatigue énorme dans la population"

La situation est également alarmante au sud de la bande de Gaza. À Rafah, cible régulière de bombardements et de frappes aériennes, les habitants sont obligés de former des longues queues devant les magasins et les points d'eau.

"Il y a aussi des bagarres parce que parfois les gens se battent pour pouvoir acheter tel ou tel ingrédient qui est en pénurie", explique Léo Cans. "Il y a une tension, une fatigue qui est énorme dans la population."

Cette tension risque encore de s'accroître avec la perspective toujours plus proche d'une offensive terrestre de l'armée israélienne à Rafah malgré les multiples mises des pays occidentaux et de l'ONU. Selon un communiqué publié vendredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a approuvé "les plans d'action" de l'armée dans ce sens.

"On est affolés par la perspective d'une attaque terrestre sur Rafah", confie Jean-François Corty. Selon lui, en cas d'une telle offensive, les associations humanitaires présentes sur le terrain "vont revenir au niveau zéro de (leur) capacité opérationnelle sur le terrain."

Article original publié sur BFMTV.com