"Une totale impunité" : l'infectiologue Karine Lacombe accuse Patrick Pelloux d'être un "prédateur"

L'urgentiste Patrick Pelloux est accusé de harcèlement moral et sexuel par l'infectiologue Karine Lacombe, ce qu'il nie catégoriquement.

Les prémices d'un mouvement #MeToo dans le milieu hospitalier? La chercheuse et infectiologue Karine Lacombe qui a confirmé ce mercredi 10 avril à Paris Match qu'elle faisait bien référence à l'urgentiste Patrick Pelloux dans son livre paru en octobre dernier, lorsqu'elle évoquait un médecin "prédateur".

"Oui, c’est bien lui dont il s’agit. Je ne l’ai pas cité parce que je voulais montrer le système dans lequel se déroulaient les études de médecine, très viril, très sexué et l’universalité de la question", a-t-elle confié à nos confrères.

Ce jeudi, Karine Lacombe a annoncé au Parisien qu'elle avait reçu de nombreux témoignages visant des professionnels de santé. "Il y avait besoin d’une prise de parole publique pour libérer les prises de parole privées", a-t-elle assuré.

"Impunité totale"

L'autrice de Les femmes sauveront l'hôpital, aux éditions Stock, s'est rappelée dans les colonnes de Paris-Match de l'urgentiste qu'elle a côtoyé à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, et de son "comportement empreint de domination sexuelle", et ce "dans une totale impunité".

Selon elle, après avoir repoussé ses avances, le harcèlement sexuel se serait ensuite transformé en "un ostracisme patent et plusieurs épisodes ­d’humiliation", permettant de réunir "les ingrédients du harcèlement sexuel et moral".

Interrogée par l'hebdomadaire sur le comportement du très médiatique médecin, l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est souvenue du 25 novembre 2017, journée contre les violences faites aux femmes. Invité à l'Élysée pour prononcer un discours, Patrick Pelloux a créé un certain malaise dans l'auditoire, raconte-t-elle:

"Je me suis demandé ce qu’il faisait là, car je ne le savais pas au fait de la cause des femmes. Puis, en entendant la salle tousser, j’ai compris qu’il y avait un problème."

Elle a ajouté: "On m’a appris que Pelloux était loin d’avoir eu un comportement exemplaire avec la gent féminine, c’est pourquoi il a été exfiltré de Saint-Antoine."

Patrick Pelloux réfute les accusations

De son côté, Patrick Pelloux nie catégoriquement les accusations. "N’importe quoi, je n’ai jamais agressé personne. Jamais!", se défend-il auprès de Paris Match. Et de poursuivre: "On était trop grivois comme on l’était alors, voilà. Ce que nous disions et ce que nous faisions est infaisable aujourd’hui, c’est sûr. Mais on rigolait bien!"

Une défense qui ne passe pas pour Karine Lacombe. "Mais qui s’amusait bien? Certainement pas les jeunes femmes!, a-t-elle réagi dans le Parisien. Ce genre de chose est ancré dans le milieu médical mais cela ne doit pas dédouaner."

D'après une enquête de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) sur les violences sexistes et sexuelles publiée en mars 2021, plus de 15% des étudiants en médecine disaient avoir subi une agression sexuelle durant leur vie universitaire.

Parmi les victimes de harcèlement sexuel, 40% choisissaient, selon l'étude, de ne pas signaler les faits, pensant qu'elle cela ne servirait à rien.

Article original publié sur BFMTV.com