Thomas Ostermeier : « J’arrive aux limites de ma relation avec Shakespeare »

Le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier en 2018 à la Comédie Française.  - Credit:STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier en 2018 à la Comédie Française. - Credit:STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Curieux et affreux chantage que celui du roi Lear, qui propose à ses trois filles d'échanger de l'argent et du pouvoir. Des régions d'Europe contre des preuves d'amour. Regan et Goneril, les deux aînées, lassées d'attendre le pouvoir paternel, opteront pour l'hypocrisie et gagneront des territoires. Cordelia, la cadette, paiera sa sincérité sans hériter de rien. Remise au goût du jour par Thomas Ostermeier et magistralement traduite par Olivier Cadiot (éd. P.O.L.), la pièce de Shakespeare de 1606 entre au répertoire de la Comédie-Française.

Quatre ans après une Nuit des Rois aussi jouissive que décapante, le metteur en scène allemand, dont on se souvient de la version explosive de Richard III à l'Opéra Grand Avignon en 2015, revient au dramaturge britannique. Sur scène, une vaste lande verte ou violette s'enfonce jusqu'aux coulisses, tandis que la passerelle qui traverse l'orchestre sert de podium aux comédiens et de lien complice avec les spectateurs. Une mise en scène frontale, sanguinaire, qui laisse de marbre ou éblouit. Si les critiques grincent des dents, le public applaudit. On retrouve un exceptionnel Christophe Montenez en cruel Edmond. Séphora Pondi prend son envol sous les traits de Kent, le fidèle allié d'un Lear complètement déboussolé, incarné par Denis Podalydès sous des cheveux ébouriffés. Avec Ostermeier, Shakespeare is in love avec la Comédie-Française. Entretien.

Le Point : Pour la septième fois, vous montez une pièce de Shakespeare. Pourq [...] Lire la suite