Des textiles capables de “s’autoteindre” grâce à des bactéries aux gènes modifiés

“Pour les fashionistas attachées au développement durable, les tissus fabriqués à partir de bactéries à croissance rapide et respectueuses de l’environnement représentent une solution de rechange attrayante par rapport au cuir ou au similicuir”, commence Science. Seulement voilà, si l’on veut porter autre chose que du textile beige, il faut le teindre. Et donc encore une fois avoir recours à des produits chimiques potentiellement nocifs pour l’environnement.

C’est là que les travaux publiés le 2 avril dans Nature Biotechnology et pilotés par Tom Ellis, de l’Imperial College de Londres, pourraient apporter une solution. Avec son équipe, il a créé un portefeuille et un morceau de chaussure capables de “s’autoteindre”, grâce à une bactérie génétiquement modifiée pour produire des pigments de mélanine noire. La mélanine est ce qui donne naturellement sa couleur aux tissus tels que la peau humaine, les yeux ou les cheveux, par exemple.

Du kombucha à l’industrie textile

La bactérie modifiée, Komagataeibacter rhaeticus – celle-là même qui permet au kombucha, une boisson à la mode, de fermenter –, est un organisme producteur de cellulose, auquel les chercheurs ont ajouté des gènes d’une autre bactérie qui produit des pigments noirs.

C’est un bel exemple de la façon dont la biologie peut fournir des produits qui non seulement sont dotés de propriétés remarquables, mais qui ont aussi une très faible empreinte carbone et sont durables”, explique à Science Sara Molinari, biologiste de synthèse à l’université du Maryland, qui n’a pas participé à l’étude. Selon elle, les textiles produits par des bactéries constituent “une démarche toute nouvelle pour la fabrication de tissus”.

Les chercheurs se sont également amusés à créer des effets de texture. Pour cela, ils ont modifié génétiquement Komagataeibacter rhaeticus pour qu’elle ne produise des pigments de mélanine que lorsqu’elle est exposée à la lumière bleue, projetée sous forme de motifs sur la feuille de cellulose produite.

La revue scientifique précise que “l’équipe a collaboré avec une société de biotechnologie textile, Modern Synthesis, qui prévoit de s’appuyer sur ces travaux pour créer de nouveaux produits”. Mais la production à l’échelle industrielle de ce type de textile “autoteint” n’est pas pour demain, croit savoir Sara Molinari.

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