Terre : première plongée dans le manteau

Une expédition scientifique a recueilli des tonnes d'échantillons du manteau terrestre à une profondeur de plus de 1000 mètres sous le plancher océanique. À la clé : une meilleure compréhension de la tectonique des plaques, des phénomènes magmatiques, et une estimation plus fine de la quantité d'eau souterraine.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°921, daté novembre 2023.

L'analyse du "butin" - 30 tonnes de roches de couleur gris vert et noire - n'a pas encore commencé. Il fait l'objet, pour le moment, d'un long et minutieux travail d'inventaire à l'Université A&M du Texas (États-Unis) ainsi qu'au laboratoire Géosciences Montpellier. Lorsque celui-ci sera terminé, en avril 2024, une équipe internationale de chercheurs commencera alors une batterie d'examens visant à percer certains des secrets les mieux gardés de notre planète.

Car ces roches proviennent du manteau de la Terre, couche de 2900 kilomètres d'épaisseur située entre sa croûte superficielle et son noyau en fusion, qui alimente notamment les éruptions volcaniques. Elles ont été recueillies par le navire de forage Joides Resolution au beau milieu de l'Atlantique Nord, entre avril et juin, en creusant un puits de 1267 mètres de profondeur sous 800 mètres d'eau. "Les carottes que nous avons récupérées sont extrêmement précieuses, uniques. C'est la première fois que des échantillons du manteau sont collectés sans discontinuité sur une telle profondeur. Nous attendions cela depuis des décennies ", jubile Marguerite Godard, géochimiste au laboratoire Géosciences Montpellier qui faisait partie de l'expédition.

Les scientifiques ont certes déjà analysé quantité de fragments issus des entrailles de la Terre. Occasionnellement, les volcans arrachent en effet des morceaux de péridotite - la roche majoritaire du manteau supérieur (jusqu'à 670 km de profondeur) composée principalement d'olivine vert-jaune et de pyroxènes vert bouteille -, enclavés dans du magma. Des nodules pouvant mesurer quelques dizaines de centimètres, que les géologues appellent "xénolithes", émergent ainsi lors de certaines éruptions. On trouve aussi de larges portions du manteau dans les Alpes franco-italiennes, l'Himalaya ou la péninsule Arabique. Dénommées ophiolites, elles résultent de l'affrontement des plaques tec[...]

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