Tennis: Arthur Fils s'est-il égaré en Amérique du Sud?

En ce début d’année, Arthur Fils connaît sa première petite crise. Elle se traduit par un recul technique au classement (NDLR: il est 44e mondial après avoir perdu les points de sa demi-finale à Marseille en 2023). Mais il y a surtout l’impression dégagée par ses deux premiers tournois sur la terre battue sud-américaine.
Battu d’entrée à Buenos Aires par le Serbe Dusan Lajovic après une rencontre truffée de double-fautes (9), l’Essonnien a ensuite pris de plein fouet à Rio la tempête Joao Fonseca, un Brésilien de 17 ans bourré de talent, qui a saoulé de coups gagnants le Français, pourtant pas démuni en termes de puissance. Le score (6-0, 6-4) l'a mis K.O.. Avant d’aborder la dernière étape de son triptyque en altitude à Santiago, la question de la pertinence de cette tournée se pose. Elle a été un peu dictée par la composition du nouveau staff composé de Sébastien Grosjean et Sergi Bruguera. Avec l’expertise d’un double vainqueur de Roland-Garros (93 et 94), la tentation était grande d’aller se frotter aux terriens.

Éviter le zéro pointé contre Seyboth Wild

Un pari est toujours risqué pour les Européens. En 2016, Jo-Wilfried Tsonga, alors 9e mondial, s’était pointé en Amérique du Sud. À Rio, il avait connu l’affront d’une défaite face au local Thiago Monteiro, 339e mondial. Le Manceau s’en était remis en atteignant les quarts de finale à Indian Wells. Mais il avait une certaine expérience. Arthur Fils, lui, est beaucoup plus "neuf" sur le circuit.
Dans notre podcast Court numéro 1 du 5 février, Jean-François Caujolle, le directeur de l’Open 13, avait flairé le piège. "Je ne sais pas si c’est le bon choix. La saison sur terre battue, elle est dans trois mois, disait-il. Il aura le temps de se préparer après la tournée américaine. Ce n’est pas le travail qu’il va faire maintenant qui va lui servir. J’ai un peu d’expérience: je connais nombre de joueurs qui sont partis une année tester l’Amérique du Sud et qui sont revenus l’année suivante en me disant: "J’ai fait une erreur totale." Le bilan de la tournée d’Arthur Fils se joue peut-être ce mercredi. Car il y a une autre pression. S’il veut vivre les JO de Paris cet été, il va devoir serrer le jeu. À la Race olympique, il vient de se faire subtiliser la quatrième place qualificative par Arthur Cazaux, engagé à l’ATP 500 de Dubaï. Son entrée en lice est piégeuse: vers 20 heures, il sera opposé au Brésilien Thiago Seyboth Wild, tombeur de Daniil Medvedev à Roland-Garros. Pas un cadeau.

Article original publié sur RMC Sport