Pas de « taxe anti-rap » pour l’instant, assure le Centre national de la musique

Le rappeur Niska (ici en concert pendant le ’Festival Solidays’ le 24 juin à Paris) s’est opposé à la mise en place de la taxe sur le streaming musical.
Paul CHARBIT / Gamma-Rapho via Getty Images Le rappeur Niska (ici en concert pendant le ’Festival Solidays’ le 24 juin à Paris) s’est opposé à la mise en place de la taxe sur le streaming musical.

MUSIQUE - « Nous allons tous nous mettre autour d’une table pour en parler », assure Jean-Philippe Thiellayn au Parisien ce dimanche 9 octobre. D’après le président du Centre national de la musique (CNM), la controversée taxe sur le streaming musical n’est pour l’instant pas prévue. À hauteur de 1,5 %, celle-ci, censée aider financièrement le CNM, endetté à cause du Covid-19, fait fortement grincer des dents chez les rappeurs depuis cet été.

Et pour cause. Ceux-ci, très écoutés sur les plateformes comme Deezer, Apple Music ou encore Spotify (87 % des albums de rap y sont consommés d’après le SNEP, syndicat national de l’édition phonographique), verraient leurs revenus diminuer si une telle contribution venait à voir le jour. De plus, le monde du rap, qui serait alors le premier contributeur de cette taxe, n’est que très peu représenté au sein de l’établissement public lancé en 2020 sous la tutelle du ministère de la Culture, et chargé de soutenir les professionnels de la musique.

« Il ne s’agit pas de financer le CNM, qui n’est en rien menacé, nuance dans un premier temps Jean-Philippe Thiellay. Mais des missions de diversité, de transition écologique, d’innovation, de développement international et d’égalité hommes-femmes. Sur ces missions-là, il n’y a pas, comme dans le spectacle vivant, de système où l’aval finance l’amont, où l’écoute de musique contribue au financement, ajoute-t-il.

Une « taxe anti-rap » ? Un « raccourci biaisé »

À l’entendre, le « financement » de ces missions va devenir plus complexe, et ce dès 2024. « Mais cette agitation porte sur des amendements qui ne sont pas poussés par le gouvernement mais par des députés d’opposition (six élus de la Nupes) et qui ont été rejetés vendredi, précise-t-il auprès du Parisien. Le ministère de la Culture n’a d’ailleurs rien mis dans le Projet de Loi de Finances 2023, car ce n’est pas prêt, ce n’est pas mûr. »

Et en ce qui concerne les propos tenus par certaines figures du rap français dont Niska, qui ont récemment qualifié cette taxe de « taxe anti-rap » et de « taxe raciste », Jean-Philippe Thiellayn trouve le « raccourci biaisé » et « l’accusation blessante ». « Sur le top 10 000 des écoutes, ce genre en représente un quart, pas plus. Et dire que le CNM n’aime pas le rap, c’est faux (...) C’est au contraire l’esthétique musicale que l’on aide le plus pour le live, le disque, les clips, le crédit d’impôt, et la deuxième que l’on reçoit en formation… », regrette-t-il.

Les rappeurs ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’opposer à sa mise en place. C’est aussi le cas du SNEP, qui réunit les maisons de disques et les plateformes. « Après quinze ans de crise du disque, et alors qu’on est en train de remonter la pente, ce serait une très mauvaise décision, confie Alexandre Lash, son directeur général, dans les colonnes du Parisien.

« Il ne faut pas casser la dynamique du streaming. Si on met cette taxe en place, les tarifs des abonnements risquent d’augmenter et de faire fuir le consommateur », poursuit-il. Comme potentielle solution, celui-ci émet l’idée d’une contribution « sur la fabrication et la vente de matériels audio », ou bien d’un aménagement de la TSV, taxe sur les services vidéo.

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