Taekwondo: les confessions d'Omar Ismaïl, seul athlète palestinien qualifié pour l'instant pour les JO de Paris 2024

Dès le début de l’interview, Omar Ismaïl met les choses au clair, il est là pour parler de ses résultats, des Jeux olympiques mais pas de la guerre. "J’ai 18 ans, je suis taekwondoïste et je préfèrerais parler plutôt de mon sport." Parce qu’il a une date qui restera gravée à jamais: le 16 mars 2024.

Le jeune taekwondoïste est engagé au tournoi de qualification asiatique pour Paris 2024 à Tai’an en Chine. Seuls deux tickets pour les JO seront distribués, pour les moins de 58 kilos, à l’issue de la compétition. "Je me sentais bien. J’ai rêvé de ce moment. Je me suis entraîné très dur pour ça. J’étais vraiment bien préparé." Son premier combat sera déjà très spécial et important. Il rencontre un compatriote.

"J’ai dû combattre contre un ami, au premier tour. C’est mon meilleur ami, on s’entraîne tous les jours ensemble. Mais sur le terrain, il n’y pas d’ami, c’est juste vous avec vous-même. Et vous devez gagner, c’est tout." Omar ressortira vainqueur. "C’était dur pour moi de gagner contre lui. Que ce soit lui ou moi, on avait le même rêve. On a juste essayé de faire de notre mieux pour atteindre nos objectifs."

"J’ai rêvé de ce moment depuis tout petit"

Et il ira jusqu’au bout, drapeau de la Palestine sur les épaules, Omar Ismaïl est officiellement qualifié pour les JO de Paris. Il devient le premier taekwondoïste de l’histoire de son pays à obtenir une place aux Jeux. "Ça n’a pas été facile. Il y avait un peu de stress. J’ai commencé en étant dans un bon état d’esprit pour aller chercher la qualification." Un moment rempli d’émotion: "J’ai rêvé de ce moment depuis que je suis tout petit. J’étais très heureux de m’imaginer à Paris avec les meilleurs athlètes au monde. Très heureux de montrer mon drapeau sur le podium."

Jusqu’aux Jeux olympiques, Omar va partir en camp d’entraînement et doit participer encore à trois compétitions. "Il y aura d’ailleurs une compétition à Paris avant les JO. Et on aura un Championnat d’Asie le mois prochain qui sera important. Je dois obtenir des points pour le classement." Classé actuellement 61e mondial dans sa catégorie, Omar se projette déjà cet été à Paris, ville où il n’est encore jamais allé. "Les Jeux olympiques c’est la compétition la plus dure au monde donc ça représente beaucoup de choses. Mais j’ai réalisé mon rêve, atteint mes objectifs. Je suis très content d’être à ce niveau-là. Je m’entraîne très dur pour ça. Je sacrifie beaucoup de choses pour aller aux JO. Et je remercie Dieu."

Et s’il y a bien un moment important, aussi pour lui, c’est la cérémonie d’ouverture, qui, sauf changement, devrait se tenir sur la Seine. "Ça sera très spécial parce qu’il y aura tous les pays, beaucoup d’athlètes. Je me sens très fier de représenter la Palestine pour cette cérémonie d’ouverture. Je vais sentir l’amour que les personnes ont pour mon pays." Il est actuellement le seul athlète Palestinien qualifié. A Tokyo, en 2021, la délégation était de cinq sportifs. "Je ne sais pas si je porterai le drapeau. Ça sera le choix du Comité Olympique Palestinien", sourit le jeune homme.

En attendant, Omar Ismaïl, qui a commencé le taekwondo à l’âge de 10 ans, à des grands objectifs pour ces JO. "Le rêve est d’avoir une médaille bien sûr mais pas n’importe laquelle. Je me bats pour la médaille d’or. Ce n’est pas facile, c’est beaucoup de travail mais je peux le faire, je suis sûre que je peux le faire." Ce caractère de champion, Omar l’a depuis toujours. "Quand je vais combattre, la seule chose qui est dans mon esprit c’est que quand j’arrive, je veux gagner. Mon adversaire est mon ennemi."Dans la famille, seul son grand frère a fait du taekwondo.

Mais c’est grâce à un ami qu’Omar s’y est mis. "J’y allais juste pour m’amuser et pour regarder mon ami. Mais mon coach m’a vu et à dit à mon ami de me faire venir tous les jours. J’aime tout dans ce sport. C’est une partie de moi maintenant. Même ma famille aime ce sport grâce à moi. Le sport vous apprend à être indépendant, avoir une bonne mentalité et se défendre."

Cet été, il espère que sa famille sera à ses côtés pour vivre avec lui l’aventure olympique. "S’ils sont là ils me motiveraient. Lors de ma qualification, ils étaient très contents pour moi. Ils n’y croyaient pas. Je les ai rendu fiers et d’est la chose la plus importante." Omar Ismaïl était un jeune "garçon à problème" comme il se décrit. Depuis, il est devenu sportif de haut niveau et suit en parallèle des études de physiothérapie. "Je représente les Palestiniens. J’espère que les jeunes quand ils me voient ils peuvent se dire qu’ils peuvent accomplir leurs rêves, qu’ils peuvent travailler sur eux-mêmes, être comme moi ou encore meilleurs que moi."

Article original publié sur RMC Sport